Le pardon des offenses selon saint Thomas d’Aquin (II)

Maximilien Le Fébure du Bus
8,00 € l'unité
2023 - Fascicule n°2
123
CXXIII
Juin 2023
2
2023
211 - 246
Article
Théologie morale

Résumé

Thématique contemporaine, le pardon des offenses n’a pas de présentation synthétique dans l’oeuvre de saint Thomas. De façon brève, l’Aquinate l’évoque toutefois au sein des œuvres de miséricorde dans son traité de la charité de la Somme de théologie. En s’appuyant sur ce point de départ formel, la présente étude se propose d’explorer la notion de pardon à partir des principes thomasiens : les concepts de « misère » et de « rémission » s’avèrent riches de conséquences et méritent d’être remis en valeur pour mieux répondre à la cinquième demande du Notre Père.

Extrait

Passons maintenant au troisième élément du don : ce qui le constitue essentiellement. « On appelle don ce qui est apte à être donné », avait dit saint Thomas. Pour le pardon des offenses, de quoi s’agit-il ?
Certes le pardon est une aumône. Mais une aumône spirituelle est plus délicate à appréhender qu’une aumône matérielle. « Donner à manger à ceux qui ont faim […], vêtir ceux qui sont nus » se réfèrent à des dons manifestes : face à la misère de la faim, le miséricordieux offre de la nourriture ; face à la misère du dénuement, il présente un vêtement. Or la misère de l’offenseur est formellement un état de séparation : séparation d’avec Dieu par le péché, séparation d’avec la victime par l’offense. Si cette dernière séparation seule concerne le pardon de l’homme, en quoi consiste-t-elle ? Peut-on « donner » l’offense en tant que telle ?