Dieu n’existe pas, dit la science ?

Ghislain-Marie Grange
Quand les scientifiques veulent prouver que Dieu est une illusion, ils montrent plutôt les limites de leur science et le besoin d’une science supérieure. Voici le cas de Richard Dawkins.

Le XXe siècle a connu des progrès considérables qui ont renforcé la confiance dans la démarche scientifique. Ces progrès conduisent-ils à remettre en cause l’existence de Dieu ou au contraire à la confirmer ? Louis Pasteur disait à ce propos : « Un peu de science éloigne de Dieu, beaucoup en rapproche. » Pouvons-nous faire le même constat ?
Nous nous concentrerons ici sur la question de l’existence de Dieu, non pas d’abord du Dieu chrétien mais plus généralement de l’existence d’une origine du monde. Cette interrogation n’est pas réservée aux chrétiens : Platon et Aristote, vers le IVe siècle avant Jésus-Christ, affirmaient que l’univers possède un fondement et une cause. Pour Platon, c’était une Idée du Bien dont découlaient toutes les formes de l’univers ; pour Aristote, une sorte de moteur qui mettait en mouvement l’univers. Plutôt qu’un dieu, c’était un principe qui n’était pas vraiment personnel. Mais l’on remontait à un être suprême.
Le christianisme a beaucoup insisté sur cette possibilité de remonter à un principe qui était, pour les chrétiens, identique au Dieu qui a créé le monde. Les psaumes, dans la Bible, regorgent de phrases de louange de Dieu à cause de l’observation de l’univers : « Les cieux racontent la gloire de Dieu, et l’œuvre de ses mains, le firmament l’annonce » (Ps 19, 1).
Est-ce que les connaissances sur le fonctionnement de l’univers remettent en cause cette démarche de remontée à un principe ? Pour y répondre, je m’appuierai sur les objections d’un célèbre auteur athée, Richard Dawkins.

1. Les arguments de Richard Dawkins


D’après Richard Dawkins, les sciences, et en particulier la théorie de l’évolution, permettent d’expliquer ce que l’existence de Dieu n’explique pas suffisamment. L’un de ses ouvrages est intitulé The God Delusion, traduit en français sous le titre Pour en finir avec Dieu[1]. Cet ouvrage est intéressant pour deux raisons : d’abord parce qu’il est très célèbre (il a été traduit en 35 langues environ) ; d’autre part parce qu’il présente des arguments assez représentatifs de la démarche du scientifique athée. Tentons de résumer ses arguments.

L’argument du Boeing 747 : l’improbabilité de Dieu


L’argument du Boeing 747 vient d’un physicien nommé Fred Hoyle qui entendait démontrer l’existence de Dieu à partir de l’improbabilité de l’apparition de la vie. Selon Hoyle, l’apparition de la vie sur la Terre est aussi peu probable que le fait qu’un ouragan, en balayant une décharge, assemble un Boeing 747[2]. Autrement dit, invoquer un mécanisme qui est basé sur le hasard n’explique absolument rien.
Richard Dawkins répond que l’apparition de la vie est en effet un événement d’une grande improbabilité, mais que l’existence d’un Dieu est encore plus improbable. J’explique quelque chose de quasiment miraculeux, l’existence de la vie, par un être encore plus miraculeux, Dieu. L’apparition de la vie est stupéfiante mais qu’il existe un Dieu tout-puissant, ce serait encore plus stupéfiant. Il serait encore plus miraculeux qu’il existe un être capable de faire des miracles.

« Si improbable statistiquement que soit l’entité que vous cherchez à expliquer en invoquant un concepteur, le concepteur lui-même doit nécessairement être au moins aussi improbable. Dieu est l’ultime Boeing 747. »[3]

Pour Dawkins, cela s’oppose à la démarche du scientifique. La démarche du scientifique consiste en effet à aller au plus simple : il faut rechercher l’explication la plus économique. C’est ce qu’on appelle le « rasoir d’Ockham » en référence à Guillaume d’Ockham, un théologien du XIVe siècle. Selon Dawkins, nous disposons aujourd’hui d’une explication du passage de corps très simples à une complexité organisée. L’explication ancienne, qui consistait à attribuer cela à un Dieu, peut donc être remplacée par une hypothèse plus économique, celle de l’évolution. Nous répondrons à cet argument dans la partie suivante.

Le Dieu des lacunes


La deuxième partie de l’argumentation de Richard Dawkins est dirigée contre une certaine conception de Dieu, celle des créationnistes, pour qui Dieu est un « Dieu des lacunes » (a God of the gaps) ou un Dieu « bouche-trou ». L’idée est simple : les créationnistes cherchent des lacunes dans la connaissance scientifique actuelle. S’il y a une réalité qui est apparue et qu’il n’existe pas d’explication scientifique à son apparition, alors c’est la preuve qu’il y a un autre agent, qui est Dieu. Par exemple, le créationniste soulignera qu’il est impossible d’expliquer l’apparition de l’articulation du coude de la petite grenouille fouine tachetée : aucun de ses éléments ne rendra compte de l’apparition du tout ; on ne peut pas imaginer une lente évolution jusqu’à cette articulation. Elle ne peut pas être l’assemblage de parties plus simples. Soit elle est là avec toute sa complexité, soit elle n’est pas là. Il n’y a pas d’intermédiaire donc Dieu existe. Ou bien les créationnistes vont être attirés par les fossiles qui ne correspondent à aucune espèce connue : pour eux, c’est la preuve que Dieu a mis les fossiles sur terre directement. Ce qui est derrière cette argumentation, c’est l’idée selon laquelle « la nature ne fait pas de sauts ». Si l’on constate scientifiquement que la nature fait des sauts, cela signifie que ce n’est pas un processus naturel, et qu’il y a donc un agent surnaturel à l’œuvre.
Dawkins souligne que cette argumentation va à l’encontre de la méthode scientifique elle-même. Le scientifique cherche parce qu’il est confronté à des lacunes dans la connaissance. C’est cela qui le stimule. Et l’histoire de la science montre que ces lacunes ont finalement été comblées par les nouvelles découvertes scientifiques. La légitimité de la science ne s’appuie donc pas sur le fait qu’elle explique déjà tout, mais qu’elle a à sa disposition une théorie qui lui permet de s’appliquer aux nouvelles questions qui se posent. Et si la théorie ne fonctionne pas, il faut découvrir une autre théorie. Mais on ne peut pas se contenter d’invoquer Dieu.

Le principe anthropique


Le dernier grand argument que Dawkins présente est celui du principe anthropique. Ce principe part du constat que la vie, et en particulier la vie humaine, est apparue sur Terre, et que cette apparition nécessite des conditions très particulières, ce qu’on appelle aussi un « réglage fin » (fine tuning).
Pour les croyants, selon Dawkins, l’existence de conditions aussi spécifiques est la preuve que Dieu existe. Pour Dawkins, c’est au contraire un argument en faveur de l’inexistence de Dieu. En effet, si improbable que puisse être le commencement de la vie, nous savons qu’il s’est produit puisque nous sommes là[4]. Pour Dawkins, l’apparition de la vie ne peut s’expliquer que par deux hypothèses : ou bien le miracle d’un dieu ou bien une apparition naturelle par l’évolution. L’apparition à partir de ce qui n’est pas la vie, à partir de ses composants les plus élémentaires, est tout à fait envisageable selon Dawkins, et nous essayons même de reproduire ce mécanisme en laboratoire. Dawkins retourne donc l’argument du principe anthropique : la vie peut bien apparaître naturellement puisqu’elle est apparue.

Conclusion : les forces et les faiblesses de l’argumentation de Dawkins


Que penser de cette argumentation ? Elle possède ses forces et ses faiblesses. Sa force vient du fait qu’elle s’appuie sur un argument philosophique pertinent mais qui n’est pas sans ambiguïtés. Sa faiblesse principale est qu’elle se confronte aux argumentations les plus faibles. Dawkins ne se confronte pas aux grands penseurs. Par exemple, réfuter l’idée d’un Dieu des lacunes, le Dieu « bouche-trou », n’est pas très difficile. Ce n’est pas la conception des grands théologiens, comme il le dit lui-même. Il cite par exemple le théologien protestant Dietrich Bonhoeffer qui va dans le même sens que lui.
De la même manière, réfuter la religion à partir d’un exemple absurde de tribus qui adoraient le fabricant des cargos qui apportent des marchandises, parce qu’on ne sait pas d’où elles viennent, n’est pas très honnête. On ne réfute pas la religion à partir de sa version la plus idiote mais en écoutant ce que les plus grands penseurs en ont dit. On ne peut pas mettre toutes les religions dans le même panier. Un philosophe britannique, nommé Gilbert Chesterton, disait que la comparaison des religions est semblable à la comparaison des journaux : ils ont tous du papier, des articles, des journalistes mais leur contenu est très différent d’un extrême à l’autre. De même, les religions sont extérieurement très ressemblantes mais si l’on regarde ce qu’elles disent, certaines sont vraiment stupides, d’autres ont produit une sagesse plurimillénaire.

Par delà ces faiblesses, il y a néanmoins un véritable argument au cœur de son propos et qui en fait la force. C’est le fait qu’il existe une explication naturelle au processus pour lequel on invoque une explication surnaturelle. Les croyants disent : ceci n’est explicable que par l’existence de Dieu. Moi Dawkins, je dis : il existe une explication naturelle par l’évolution. Vous dites que le monde est tellement bien organisé que ceci n’est possible que par l’existence d’un Dieu créateur ; je vous réponds que l’évolution nous met sous les yeux le processus selon lequel c’est advenu. Vous dites que ces conditions très précises pour l’apparition de la vie ne peuvent venir que de Dieu en raison de leur improbabilité ; je vous réponds qu’elles ne sont pas entièrement improbables puisque vous êtes là. C’est donc à cet argument qu’il faut se confronter. Et pour cela, il faut utiliser les ressources de la philosophie.

2. Les ressources de la philosophie en alliance avec la science


Nous nous restreindrons à l’argument principal de Dawkins selon lequel l’évolution suffit à expliquer l’apparition du monde. Pour le développer, Dawkins part du Dieu bouche-trou, qui est encore une fois celui des moins bons penseurs chrétiens mais qui donne à réfléchir. Dawkins sait que ce n’est pas le meilleur argument mais sa réflexion à ce sujet est à mon avis au cœur de son propos.

Les causalités ne s’opposent pas


D’abord, pourquoi le Dieu chrétien n’est-il pas un Dieu bouche-trou ? Le Dieu bouche-trou semble venir d’une conception un peu simpliste de l’action de Dieu. Pour les créationnistes (et il en va de même pour les évolutionnistes qui leur répondent), il n’y a que deux possibilités : soit un processus vient de la nature, soit il vient de Dieu. Donc si je montre qu’il y a une explication naturelle, cela signifie que Dieu n’agit pas ; si je constate qu’il n’y a pas d’explication naturelle, cela signifie que c’est nécessairement un agent surnaturel qui l’a accompli donc Dieu existe.
Ce raisonnement est bien trop simpliste. D’abord, il ne semble pas qu’en dehors des miracles de guérison, on ait encore mis en évidence un processus dans l’univers qui ne possède aucune explication naturelle. Le développement de l’univers suit une causalité naturelle. Et si on n’a pas d’explication aujourd’hui (par exemple pour l’apparition d’un organe très complexe comme l’œil), on en aura une demain. Je ne dirais bien sûr pas la même chose pour des événements de notre monde qui peuvent relever du miracle.
Ensuite, le fait que le processus naturel ait des causes naturelles n’empêche absolument pas qu’il ait aussi des causes surnaturelles. Ce n’est pas « ou Dieu ou la nature » : mais c’est « et la nature et Dieu ». L’action de Dieu passe au travers de l’action de la nature. Mais l’action de Dieu et l’action de la nature ne relèvent pas du même plan. Ce que le biologiste Stephen Jay Gould appelle le Non-Overlapping Magisteria : les magistères ne se recouvrent pas parce qu’ils ne répondent pas à la même question. La science se demande par quel processus on passe de tel état à tel état ? Par exemple, par les mécanismes de l’évolution. Au contraire, la religion, et sur ce point elle est rejointe par la philosophie, se demande quelle est la cause la plus fondamentale de cette réalité ? Non pas comment on est passé à cet état à partir d’un état antérieur mais d’où vient ultimement cette réalité. C’est le raisonnement que faisait Aristote à propos du monde : on ne peut pas remonter de manière indéfinie à un état antérieur, sans quoi on n’a jamais d’explication ; il faut un fondement, ce qu’Aristote appelait un premier moteur. Il y a un être qui échappe au monde et qui est son fondement. Les chrétiens diront qu’il y a un Créateur.

Il y a donc deux questions différentes qui appellent des réponses différentes. La question du changement, du passage d’un état à un autre, fait partie de la science : il faut y répondre par des mécanismes naturels, que ce soit l’évolution en biologie, ou des changements physiques pour l’apparition de notre monde à partir d’un état initial. Mais la question de l’existence d’un monde, celle de l’origine du fait qu’il y a du changement dans le monde, ne peut pas être résolue à partir du changement lui-même. S’il y a une réponse, il faut qu’elle soit sur un autre plan que celui des processus naturels ; ou alors il faut accepter qu’il n’y ait pas de réponse.
Stephen Hawking, cosmologiste britannique, pensait avoir résolu l’énigme de la création de l’Univers en affirmant que l’Univers venait de la gravitation[5]. Le problème de cette réponse est que la gravitation suppose qu’il y ait un univers. Il pense résoudre le problème d’une création à partir de rien en exhibant un état antérieur de l’univers, où il n’y a pas de particules mais de la gravitation. Mais l’existence de la gravitation est déjà un état de l’univers. On ne s’en sort jamais.
La tradition philosophique de la métaphysique, pleinement assumée par le christianisme, va affirmer que : 1) la causalité divine et la causalité naturelle ne s’opposent pas mais vont de pair ; 2) le changement et la création sont totalement différents parce que le changement se fait à partir d’un état alors que la création est à partir de rien. Ce qui ne signifie pas que la création a eu un commencement mais qu’elle a un fondement : que tout ce qui existe provient d’une cause supérieure. Et donc 3) qu’il y a un principe à l’Univers.

Il me semble donc que l’argumentation de Dawkins contre le Dieu bouche-trou est juste. L’existence de Dieu n’est pas prouvée par le fait qu’on n’arrive pas à expliquer des processus naturels. La science procède par résolution d’énigmes. Et je suis d’accord avec lui pour affirmer que c’est de la paresse d’attribuer cela à Dieu. Mais Richard Dawkins connaît également le raisonnement métaphysique classique que j’ai opposé. Il le refuse mais de manière assez ambiguë.

Il y a un principe


Comme je l’ai dit, son argument le plus fort, qui consiste à affirmer : « il y a telle question mais je vous donne une explication naturelle » n’est pas suffisante. C’est ce que montrent les ressources de la philosophie que Dawkins connaît. À moins que pour Dawkins, l’évolution puisse rendre compte de tout ce qui existe. Et c’est là que son argumentation paraît très ambiguë. Voici comment il répond à l’argumentation métaphysique :

« La cause première que nous cherchons a dû être la simple base d’une grue à auto-amorçage qui a au bout du compte hissé le monde tel que nous le connaissons jusqu’à la complexité de son existence actuelle. »[6]

La question rebondit : est-ce que cette grue fait partie de l’univers ? Dans ce cas, elle n’explique pas l’apparition de l’univers. Ou bien est-elle en dehors de l’univers ? C’est ce que semble entendre Dawkins. Dans ce cas, elle est bien le principe premier que nous cherchons.
Soit l’évolution fait elle-même partie du monde et donc ne peut pas expliquer l’apparition du monde. Soit l’évolution est séparée du monde et explique l’apparition de l’univers à partir de rien, et dans ce cas, il y a bien un principe de l’univers, qu’on appelle l’évolution. Dans ce cas, Dawkins adopte bien une démarche métaphysique qui consiste à faire de l’évolution le principe créateur du monde.
Dans ce passage, Dawkins ne nie pas qu’il y ait un principe premier de l’univers. Mais que ce principe soit le Dieu chrétien qui se révèle et s’incarne dans le Christ. Cela signifie qu’il n’a pas la foi dans le Dieu chrétien mais pas qu’il n’y a pas de Dieu. Son dieu c’est l’évolution qui crée tout à partir de rien.

Il me semble donc que Dawkins se contredit. Toute son argumentation est basée sur le fait qu’il y a deux types d’explication, une explication naturelle et une explication surnaturelle. Dawkins défend l’explication naturelle. Mais soit il explique l’apparition de la nature par un élément naturel et cela n’explique rien ; soit il l’explique par un élément au-dessus de la nature et dans ce cas il est dans le surnaturel. Dans ce cas, « surnaturel » ne veut pas dire magique mais qu’un principe au-dessus de la nature fonde la nature. On a l’impression de buter ici sur un impensé. Richard Dawkins n’en a peut-être pas tout à fait fini avec Dieu.

3. Conclusion


Si la science rapproche de Dieu, ce n’est donc pas parce qu’elle constate qu’elle ne parvient pas à expliquer certains phénomènes naturels, mais parce qu’elle constate qu’elle ne peut pas fournir l’explication ultime de l’existence du monde. Elle ne peut expliquer que les changements dans l’univers. Le scientifique est naturellement conduit à s’interroger sur le fondement ultime du monde. Il entre alors dans une démarche métaphysique et sort de son domaine strict de compétences. S’il veut répondre correctement à la question du principe de l’univers, il devra donc s’appuyer sur la sagesse de l’humanité depuis des siècles.


  1. Richard Dawkins, Pour en finir avec Dieu, Perrin, Paris, 2009.  ↩

  2. Richard Dawkins, Pour en finir avec Dieu, p. 146.  ↩

  3. Richard Dawkins, Pour en finir avec Dieu, p. 147.  ↩

  4. Je paraphrase Richard Dawkins, Pour en finir avec Dieu, p. 178.  ↩

  5. Stephen Hawking, Leonard Mlodinov, Y a-t-il un grand architecte dans l’Univers ?, Odile Jacob, Paris, 2011, p. 219 : « La gravitation déformant l’espace et le temps, elle autorise l’espace-temps à être localement stable mais globalement instable. À l’échelle de l’Univers entier, l’énergie positive de la matière peut être compensée par l’énergie négative gravitationnelle, ce qui ôte toute restriction à la création d’univers entiers. Parce qu’une loi comme la gravitation existe, l’Univers peut se créer et se créer spontanément à partir de rien […]. La création spontanée est la raison pour laquelle il existe quelque chose plutôt que rien, pourquoi l’Univers existe, pourquoi nous existons. Il n’est nul besoin d’invoquer Dieu pour qu’il allume la mèche et fasse naître l’Univers. »  ↩

  6. Richard Dawkins, Pour en finir avec Dieu, p. 201.  ↩