Aucune des réalités de notre monde n’échappe au mouvement et aucune n’est faite pour y échapper. D’où cette nécessité leur vient-elle ? Toutes rentrent dans l’histoire en ayant leur histoire. Que nous apprend cette manière d’être façonné en habitant le monde ? Elles ne se contentent pas d’être là, inertes, mais elles possèdent une alacrité par laquelle elles deviennent. À quelle destinée répondent-elle alors ? Saint Thomas d’Aquin a longuement médité sur ces questions fondamentales pour la métaphysique et la théologie. Dans un contexte médiéval où le regard sur les choses et leur devenir évolue radicalement par rapport aux conceptions antiques — regard dont nous sommes d’ailleurs les héritiers —, il développe un enseignement original aussi ample que profond. Cet enseignement a commencé d’être redécouvert au vingtième siècle en prêtant attention à l’esse, à l’acte consistant à être. Son second volet demeurait pourtant inexploré, celui de l’opération, celui de l’acte dans lequel l’étant atteint sa perfection et exprime pleinement ce qu’il est. La métaphysique thomasienne n’est pas seulement une métaphysique de l’étant qui est, elle est une métaphysique de l’étant qui est bon en ce qu’il opère. Une autre redécouverte en découle : les créatures ne procèdent pas de Dieu seulement en étant créées, mais aussi en étant gouvernées vers le bien dans leurs opérations. Elles opèrent parce qu’elles sont attirées vers Celui qui est bon par essence, comme vers la fin qui les rend bonnes en les assimilant à Lui. Opérer, c’est procéder de Dieu dans le bien. Ainsi, opération des créatures et gouvernement divin sont intimement liés, et l’attrait de Dieu sur toutes choses est la clé de cette intimité.
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