Une physique à l’ère quantique. Jalons pour une nouvelle cosmologie

Emmanuel Perrier o.p.
8,00 € l'unité
2024 - Tome CXXIV 2024 - Fascicule n°3
124
CXXIV
Septembre 2024
3
2024
457 - 478
Article
Physique, Nature

Résumé

Puisqu’elle parle du Seigneur du ciel et de la terre, la foi chrétienne doit s’exprimer dans une cosmologie. Or la cosmologie a changé au cours des siècles. La révolution scientifique du xviie siècle a introduit une séparation entre notre vision du monde et la foi chrétienne. Il est nécessaire de rétablir ce lien à partir d’un travail philosophique sur les découvertes scientifiques. Dans les dernières décennies, ce sont surtout les découvertes de la physique quantique qui ont modifié notre vision du monde. Nous montrons que la philosophie héritée d’Aristote et de saint Thomas d’Aquin est un outil précieux pour comprendre l’univers corporel. Cette exigence de vérité permet de proposer une vision du monde plus profonde et compatible avec la foi chrétienne.

Extrait

Dès lors qu’elle parle du Seigneur du ciel et de la terre, la foi chrétienne doit s’exprimer dans une cosmologie. Rudolf Bultmann, théologien luthérien du XXe siècle, avait senti les remous qu’un changement de représentation du monde pouvait provoquer chez les chrétiens. L’entreprise de démythologisation qu’il entendait mener, en vue de rendre la foi chrétienne compatible avec la vision contemporaine du monde, s’appuyait sur le constat suivant :


L’image du monde du Nouveau Testament est une image mythique. Le monde est considéré comme une réalité divisée en trois étages. Au milieu se trouve la Terre, au-dessus d’elle le Ciel, en dessous d’elle le Monde inférieur. Le Ciel est le domicile de Dieu et des êtres célestes, les anges ; le Monde inférieur est l’Enfer, le lieu des tourments. Mais la Terre elle-même n’est pas seulement le lieu où se déroulent les événements naturels et quotidiens, le lieu de la prévoyance et du travail qui comptent sur l’existence d’un ordre et de règles ; elle est aussi le théâtre où agissent des puissances  surnaturelles, Dieu et ses anges, Satan et ses démons. […] Tout cela est une manière de parler mythologique. […] Dans la mesure où il s’agit d’une manière de parler mythologique, elle n’est pas crédible pour l’homme d’aujourd’hui (R. Bultmann, Nouveau Testament et Mythologie).