Thomisme et consalvisme

Fabrice Bouthillon
8,00 € l'unité
2024 - Tome CXXIV 2024 - Fascicule n°2
124
CXXIV
Juin 2024
2
2024
267 - 280
Article
politique, Histoire de l'Église

Résumé

Le cardinal Consalvi a attaché son nom à une ligne diplomatique et pastorale, qui combine une certaine ouverture au monde issu de 1789, manifestée par le concordat conclu avec lui, au recours à la militance des fidèles pour rechristianiser la société. Cette démarche, qui fut reprise par Léon XIII puis Pie XI, suppose la distinction thomiste de l’Église et de l’État comme deux sociétés parfaites, mais peut-être tient-elle aussi sa dimension militante de l’appartenance de saint Thomas à l’Ordre dominicain?

Extrait

Puisqu’il existe une Revue thomiste, il est hors de doute que le thomisme existe aussi. Comme le consalvisme n’a pas cette chance, il en découle en bonne logique que, pour honorer la promesse que porte avec lui le titre de la communication qu’on m’a demandée, je dois commencer par expliquer ce que peut bien vouloir dire ce terme, avant de me pencher sur les rapports que cet être de raison entretiendrait par hypothèse avec le thomisme, puis, pour finir, d’esquisser une tentative d’explication desdits rapports.
Marx a dit un jour qu’il n’était pas marxiste ; à meilleure raison le cardinal Consalvi pourrait-il se récrier qu’il ne fut jamais consalviste, car il fut en effet toujours beaucoup plus un praticien qu’un théoricien de la politique. Pourtant, il est permis de repérer sous son ministère la première apparition entre l’Église et l’État d’un certain type de relations, apparition qui s’est ensuite répétée plusieurs fois, ce qui autorise en la matière à placer sous son patronage sinon un système, du moins un paradigme. On pourrait d’ailleurs tout aussi bien l’appeler le chiaramontanisme, puisque la politique du cardinal Consalvi, ce fut avant tout celle de Pie VII.