Le célibat sacerdotal : Discipline ecclésiastique ou convenance théologique? (II)

Antoine Odendall o.p.
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2021 - Tome CXXI 2021 - Fascicule n°4
121
CXXI
4
2021
579 - 618
Article

Résumé

Après avoir montré dans la première partie de notre article l’enracinement de la pratique du célibat dans l’Écriture et la tradition théologique, puis proposé une première solution théologique autour de l’identité du prêtre, cette deuxième partie propose une autre solution théologique, autour de la mission du prêtre, qui représente le Christ époux. Cette solution ne vient pas annuler la précédente mais complète ses lacunes, appuyée sur la doctrine de saint Thomas. La fin de notre article résout ensuite plusieurs questions pratiques au sujet du célibat sacerdotal (églises orientales, prêtres venant de l’anglicanisme, protestantisme, etc.).

Extrait

B. — Proposition théologique (suite)
Après une étude positive sur l’histoire du célibat dans l’Écriture et la Tradition, nous nous sommes proposé de déterminer la convenance théologique au célibat sacerdotal, convenance quant à l’identité et à la mission du prêtre. Une première proposition concernait l’identité du prêtre, qui nous a fait envisager le célibat comme un moyen d’imiter le mode de vie du Christ, de lui être davantage uni, et d’avoir pour le prochain un amour plus universel. Sans rejeter cette approche nous en avons relevé la limite : n’étant pas assez ancrée dans le sacrement de l’ordre, elle ne permet pas de bien distinguer le célibat sacerdotal du célibat religieux. Entrons donc à présent dans notre deuxième ensemble de convenances quant à la mission du prêtre, représenter le Christ tête et époux.

3. Convenance quant à la mission du prêtre : le célibat au service de la représentation sacramentelle du Christ tête et époux

Nous avons relevé quelques limites d’une proposition qui considère principalement le prêtre comme homme saisi par la sequela Christi, dont le célibat choisi joyeusement élargit le coeur pour aimer davantage et être toujours plus disponible à Dieu et son peuple. Nous critiquions surtout en l’absence de lien direct entre pratique de la continence et réception du sacrement de l’ordre (ce qui contredit notre étude historique), ainsi que le manque d’une note propre au célibat embrassé par les religieux.  En abordant maintenant notre deuxième ensemble de convenances, nous veillerons à ne pas l’opposer à cette première approche. Il ne s’agit pas de remplacer une mauvaise proposition par une meilleure, mais de compléter quelques lacunes d’une proposition dont nous reconnaissons et affirmons la valeur. Après avoir exposé notre thèse théologique, nous montrerons comment elle se fonde dans la Tradition et dans la théologie de saint Thomas d’Aquin, avant de résoudre quelques difficultés théoriques qu’elle entraîne.