La comparaison entre Dei Verbum, n° 2-6, et les premières confessions ou règles de foi révèle que l’intégration de l’histoire du salut dans l’énoncé dogmatique, renouvelée par Vatican II, est originelle dans la tradition chrétienne. Le Dieu Trinité est l’acteur et l’interprète principal de l’histoire du salut, déposée dans la mémoire vivante d’Israël et de l’Église. Intégrée dans l’énoncé dogmatique, l’histoire du salut demeure référée à la vérité et au mystère, pôle objectif et transcendant dont l’histoire tire son poids et auquel elle ménage le meilleur accès possible. Le caractère événementiel de la Révélation chrétienne exige une « ontologie » du mystère.
La référence à l’« histoire » dans le texte du concile Vatican II n’est pas anodine ni dénuée de toute aporie. Certains textes parlent de façon déterminée de « l’histoire du salut (historia salutis) », de « l’économie du salut (oeconomia salutis) » ou de « l’histoire du peuple d’Israël (historia populi Israel) », tandis que d’autres se prononcent de façon plus universelle sur « l’histoire des hommes (historia hominum) » ou « l’histoire du monde (historia mundi) » considérée à la lumière du Christ ou de l’Évangile. Voici quelques repères indicatifs (inévitablement sélectifs) sur les emplois théologiques ou anthropologiques du terme « histoire » (avec son doublet théologique d’« économie »), laissant de côté certaines occurrences dont le sens demeure relativement anodin ou trop général.