Face à l’idéologie des droits subjectifs, idéologie de plus en plus intolérante, la pensée de saint Thomas nous offre des ressources sans pareilles pour reconstituer une philosophie pratique capable de donner aux Européens les éléments d’orientation morale et politique qui leur font cruellement défaut. En déployant la proposition selon laquelle la créature rationnelle est soumise à la Providence divine sur un mode éminent puisqu’elle est rendue participante, par sa prudence, de cette Providence, saint Thomas nous donne les moyens de faire croître ensemble confiance en Dieu et confiance en nos propres forces.
Le tourment de chaque époque reçoit sa physionomie d’un certain nœud de problèmes, d’une difficulté spécifique à répondre à la question humaine première : que faire ? Cette difficulté est inséparablement pratique et théorique, elle concerne inséparablement l’action et l’intelligence. L’action humaine étant en premier lieu correctrice ou rectificatrice, elle présuppose un diagnostic, le plus exact possible, de notre situation en tant qu’elle réclame un remède, un diagnostic de notre prédicament, pour reprendre un vieux mot français que les Anglais, comme à leur habitude, nous ont dérobé. Quel est donc notre prédicament ?