Qu’est-ce que l’antithomisme ?

Serge-Thomas Bonino o.p.
5,00 € l'unité
2008 - Tome CVIII
1800
9 - 38
Article

Résumé

Cette étude essaie de dégager, à travers l’extrême complexité des situations historiques, certaines constantes de l’antithomisme. L’antithomisme se définit essentiellement par rapport au projet thomasien de développer la tradition latine de l’intelligence de la foi en utilisant les ressources de la philosophie gréco-arabe, spécialement la pensée d’Aristote. Les uns voient dans ce projet un abus et une altération de la vraie philosophie. À l’inverse, d’autres y dénoncent une corruption de la théologie, voire de la foi chrétienne elle-même. Cette dénonciation s’accompagne s'ouvent d’une critique de l’abus idéologique qui a été fait du thomisme et qui serait une conséquence du thomisme lui-même. On examine enfin les diverses manières dont les thomistes ont réagi face l’antithomisme.

Extrait

Par manière de première approximation, je qualifie d’antithomis­te toute doctrine dont la critique de saint Thomas d’Aquin (et/ou de la tradition qui se réclame de lui) constitue un élément essentiel — qu’il s’agisse d’une opposition à son projet intellectuel d’ensemble, d’une allergie à son « style » ou encore de la contestation de tel ou tel contenu spécifique de son enseignement. Pour qu’il y ait antithomisme, il ne suffit donc pas d’une critique marginale, faite comme en passant. L’opposition au thomisme doit non seulement porter sur un élément constitutif du thomisme lui-même mais surtout découler de l’essence même de la doctrine qualifiée d’antithomiste. Disons même que le degré d’antithomisme, c’est-à-dire son intensité, se mesure au degré de proximité que la critique du thomisme entretient avec les fondements du système antithomiste.