Les termes presbytérat et sacerdoce sont encore souvent tenus pour synonymes dans le langage courant. L’influence de la théologie médiévale continue ainsi de se faire sentir, elle qui plaçait au sommet du sacrement de l’ordre le sacerdoce presbytéral. Ces deux mots renvoient pourtant à des notions différentes. Selon la conception patristique remise à jour par Vatican II, presbytérat désigne en propre le deuxième degré du sacrement de l’ordre, alors que sacerdoce marque la qualité commune selon laquelle l’évêque et les prêtres exercent la charge de sanctification, les seconds participants à la plénitude sacerdotale dont le premier est dépositaire. Mieux comprendre la différence entre ces deux notions permet de valoriser la spécificité de chaque degré de l’ordre, en même temps que de garantir pour chacun d’eux l’indissociabilité des tria munera à l’encontre de tentations pastorales actuelles insuffisamment fondées dans la théologie conciliaire.
Malgré bien des mises en garde théologiennes, le vocabulaire courant continue d’associer comme de quasi-synonymes les adjectifs sacerdotal et presbytéral. On en voudra pour preuve l’année « sacerdotale » placée sous le patronage presbytéral de saint Jean-Marie Vianney et dont l’objectif, selon les mots mêmes de Benoît XVI, est de « promouvoir un engagement de renouveau intérieur de tous les prêtres afin de rendre plus incisif et plus vigoureux leur témoignage évangélique dans le monde d’aujourd’hui ». Convient-il, devant la force d’inertie d’un usage de vocabulaire aussi prégnant, de renoncer à distinguer ces deux adjectifs ? Ou bien ne faut-il pas plutôt tenter d’expliciter les conditions dans lesquelles ils peuvent être employés adéquatement, non comme d’exacts synonymes mais comme deux adjectifs désignant sous deux aspects différents une réalité théologiquement complexe ?