Dans un recueil d’articles récents, Le Corps, chemin de Dieu (2010), L.-M. Chauvet revient sur la démarche fondamentale qui fut la sienne en théologie sacramentaire avec Symbole et sacrement (1987), à commencer par le rejet du modèle de l’instrument au profit de celui du langage pour rendre compte du sacrement. Sont examinés tour à tour sa mise en évidence du caractère analogique du concept de « sacrement », sa propre définition du concept de « parole » et le rapport qu’il établit entre les deux, en partie au titre d’une « sacramentalité de la Parole ». Mais sans doute s’agit-il moins ici d’une analogie entre le mystère de la Parole de Dieu et celui des sacrements que d’un « paradigme » au sens des sciences humaines, tiré de celles-ci et restant largement sous leur dépendance. Cette relative déficience dans la méthode donne alors l’occasion de mettre en lumière les deux types d’analogie (« verticale » et « horizontale ») à conjuguer pour se situer pleinement en théologie.
Symbole et sacrement : en un titre, tout est dit. Tout ce que promet ce couple de concepts, pour le meilleur et pour le pire. D’un côté, l’ouverture de la théologie classique au champ fécond du symbolique, de l’anthropologie du geste et de la sociologie du rite, pour restituer le sacrement dans l’épaisseur de sa pâte humaine — enrichissement indéniable auquel un Louis Bouyer nous avait déjà préparés dans Le Rite et l’homme. De l’autre côté, le risque bien réel de voir l’intelligence théologale de la foi chrétienne céder le pas devant la fascination nouvelle des sciences humaines et de réduire en fin de compte le sacrement à quelque chose de purement symbolique.