Les fondements théologiques de l’intégrisme catholique : À propos d’un ouvrage récent

François Daguet o.p.
5,00 € l'unité
2007- fascicule n°3 2007 - Tome CVII
429 - 436
Etude
integrisme catholique, frost, Théologie, fondements

Sous titre

À propos d’un ouvrage récent

Résumé

Les griefs adressés au Magistère conciliaire et post-conciliaire en matière d’oecuménisme et de dialogue interreligieux appellent des réponses théologiquement fondées. Seule une juste approche du développement des formulations dogmatiques, comme celle que nous propose Mgr Frost dans son récent ouvrage L’Église se trompe-t-elle depuis Vatican II ?, permet de comprendre que le concile Vatican II s’inscrit dans la continuité des affirmations antérieures sur l’Église, en les précisant et les approfondissant.

Extrait

La crise moderniste avait provoqué dans l’Église catholique, au début du siècle dernier, une réaction dans un sens fondamentaliste, bientôt qualifiée d’intégrisme ; la crise postconciliaire en a suscité une analogue dont l’empreinte la plus douloureuse est assurément le schisme de Mgr Marcel Lefebvre et de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X en 1988. De cet intégrisme catholique, on a coutume d’étudier les aspects liturgiques, politiques ou sociologiques, mais on ne prête guère attention à ses aspects théologiques. Il est vrai que ses tenants affirment volontiers qu’ils se situent sur un terrain avant tout pastoral, et qu’ils ne prétendent pas faire oeuvre doctrinale. De fait, il n’y a pas de véritable école théologique de l’intégrisme catholique. Il y a, en revanche, une critique récurrente de certains aspects de la doctrine de l’Église romaine exprimés lors du concile Vatican II et dans les développements magistériels ultérieurs. Au coeur de cette critique, l’oecuménisme tient une place de choix, si bien qu’un numéro spécial de la Lettre à nos frères prêtres, publication de la Fraternité Saint-Pie X, intitulé « De l’oecuménisme à l’apostasie silencieuse, 25 ans de pontificat » (en abrégé : LP), s’est livré en 2004 à un réquisitoire impitoyable du pontificat de Jean-Paul II. La critique repose au fond sur un syllogisme simple : chaque pape depuis Vatican II a fait de l’oecuménisme une priorité ; or depuis ce concile l’Église catholique ne cesse de décliner ; donc l’oecuménisme est responsable de cet effondrement. Le long pontificat de Jean-Paul II, par sa fidélité à l’engagement oecuménique, n’a cessé de renverser « l’ordre voulu par Dieu » pour faire « de cette cité sainte qu’est l’Église une ville en ruine » (LP, no 44). En un mot, l’oecuménisme est dénoncé comme provoquant une protestantisation de l’Église catholique, favorisant sa sécularisation accélérée, et par là son déclin. Selon les méthodes habituelles dans la littérature intégriste, LP tend à démontrer que les positions de l’Église depuis Vatican II sont explicitement contraires aux affirmations antérieures du Magistère, surtout pontifical.