Bien que saint Thomas n’ait pas rédigé un traité sur les apôtres, il a cependant développé une doctrine réfléchie sur leur sujet, reliée à l’ensemble unifié de sa vision théologale, qui peut être discernée à travers ses écrits. À cet égard, son commentaire sur le corpus paulinien présente une source précieuse, permettant de dégager de nombreux développements sur l’office apostolique en général, mais aussi en lien avec la personne de l’apôtre saint Paul. Un lecteur attentif des épîtres, le docteur dominicain fait ressortir la vocation singulière des apôtres comme témoins directs du Seigneur et ses envoyés principaux, bénéficiaires, en vue de leur tâche, des prémices de l’Esprit, dont la profession fonde la foi de l’Église. Saint Thomas, ainsi, rappelle la valeur perpétuelle de ceux qui ont été, une fois pour toutes, posés par le Christ pour être des pierres de fondation de son Église.
2. « Les signes de mon apostolat se sont produits parmi vous » (2 Co 12, 12)
La parole portée par les apôtres, nous l’avons vu, est certifiée par leurs actes extérieurs. L’Apôtre, expliquant aux Corinthiens qu’il n’a rien fait de moins que les « super-apôtres », ajoute : « Les signes de mon apostolat se sont produits parmi vous en toute patience, en signes, en prodiges et en [œuvres de] puissances » (2 Co 12, 12). Saint Thomas reconnaît parmi ces « signes de l’apostolat », outre la conversion même des Corinthiens, les miracles sous la forme des « signes et prodiges », mais aussi la conduite vertueuse du prédicateur, représentée ici par la vertu de « patience ». Il s’agit de deux modes déjà indiqués qui confirment la parole prêchée par l’agir extérieur : la vie exemplaire et les signes. Considérons d’abord la conduite exemplaire et le mépris qu’il peut, chez certains, susciter, avant d’examiner le sujet des miracles
