Le traité anonyme De natura accidentis, composé par un dominicain allemand du XIVe siècle, résume et reélabore le traité De accidentibus de Dietrich de Freiberg. Une confrontation textuelle et doctrinale des deux textes permet de réviser les premières évaluations du traité : il n’est pas un témoin de l’antithomisme allemand, mais plutôt une réélaboration de thèmes et de motifs traités par Dietrich de Freiberg dans une visée thomiste. Il illustre ainsi l’autorité doctrinale acquise par Dietrich au sein de l’Ordre dominicain d’une part, une tentative de neutraliser ses propositions les plus radicales d’autre part.
Le traité qui fait l’objet de cette contribution est un texte bref, qui résume en le transformant le traité De accidentibus de Dietrich de Freiberg. Considéré par Loris Sturlese comme un témoin de l’antithomisme allemand, le De natura accidentis nous a été transmis par un seul manuscrit du XIVe siècle, conservé à la Öffentliche Bibliothek de l’Université de Bâle. Le codex, qui a appartenu à un inconnu dénommé Henricus Echerbein, frère dominicain du couvent de Strasbourg, est composite ; il contient notamment une copie du De origine rerum praedicamentalium de Dietrich de Freiberg. Dans l’état actuel de la recherche, il est impossible d’identifier le compilateur anonyme du traité De natura accidentis. Certaines hypothèses — parmi lesquelles l’intérêt pour l’œuvre de Dietrich — font légitimement penser qu’il peut s’agir d’un dominicain, éventuellement le propriétaire même du codex.