Le renouveau contemporain de la théologie mystique dominicaine : À propos de la genèse de perfection chrétienne et contemplation (1923) du P. Garrigou-Lagrange

Sylvio Hermann De Franceschi
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2020 - Tome CXX 2020 - Fascicule n°3
2020
497 - 527
Article
Garrigou-Lagrange

Résumé

L’œuvre ascétique et mystique du P. Garrigou-Lagrange est désormais tombée dans un profond oubli. Le dominicain a pourtant été en son temps l’artisan français de l’affirmation d’une présence nouvelle sur la scène théologique catholique d’une école de spiritualité dominicaine. Il a été considéré, face aux théologiens de la Compagnie de Jésus, comme le chef de file des partisans du système de la mystique étendue. La publication en 1923 de son maître livre intitulé Perfection chrétienne et contemplation a fait de lui un interlocuteur de premier ordre dans les débats contemporains sur la mystique. La parution de l’ouvrage s’est située dans un contexte favorable qui pouvait laisser espérer une prochaine suprématie doctrinale de l’école dominicaine dans le champ de la théologie ascétique et mystique.

Extrait

Le remarquable essor de la réflexion et des débats consacrés aux questions relevant de l’ascétique et de la mystique que l’on constate en catholicité dès la fin du XIXe siècle et qui va se poursuivre durant l’entre-deux-guerres est désormais bien connu et a fait l’objet d’études récentes qui ont insisté sur l’indiscutable importance du moment bremondien — les onze volumes de l’Histoire littéraire du sentiment religieux de l’abbé Henri Bremond (1865-1933), un ouvrage inachevé, paraissent de 1916 à 1933 et ont contribué à revivifier en France l’intérêt du public pour la mystique chrétienne. Les théologiens catholiques n’ont évidemment pas manqué de prendre part à des discussions qui les concernaient au premier chef et leurs publications ont alors entraîné la consolidation de périmètres doctrinaux caractéristiques des différentes écoles dont ils se réclamaient. Des grandes filiations scolaires desquelles les auteurs se sont alors revendiqués, la thomiste a assurément été l’une des plus importantes, revigorée par l’incontestable prestige conféré à la figure de l’Aquinate dans l’Église au temps du néo-thomisme triomphant.