Le Prognosticum futuri saeculi de Julien de Tolède: le plus ancien traité systématique d’eschatologie chrétienne

Sergio Tommaso Stancati o.p.
5,00 € l'unité
2016 - Fascicule n°2
1800
319 - 338
Article
Eschatologie

Résumé

On méconnaît dans l’histoire de la théologie chrétienne la doctrine du Prognosticum futuri saeculi,  écrite au VIIe siècle par l’évêque théologien Julien de Tolède, pendant la domination wisigothique de la péninsule ibérique. Le Prognosticum a exercé une grande influence sur les auteurs des Summae des siècles suivants. Il se compose de trois livres. Le premier livre est consacré à l’origine de la mort humaine ; le deuxième à la délicate question de la situation des âmes entre la mort corporelle et la résurrection finale ; et le troisième à la résurrection universelle et à la fin dernière : la contemplation de l’essence de Dieu. Julien de Tolède a inauguré une nouvelle méthodologie théologique fondée sur l’Écriture Sainte, qui fait appel, de manière remarquable, à l’autorité des Pères, et à la rationalité argumentative et interprétative.

Extrait

1. Le milieu socio-politique et religieux de l’Espagne wisigothique dans lequel vécut Julien de Tolède
L’évêque théologien, Julien de Tolède, vécut une vie brève mais intense, dans un milieu historique, politique et religieux caractérisé par la domination des Wisigoths sur la péninsule ibérique avec Tolède comme capitale impériale. Les événements, qui ont conduit les Wisigoths, au début du ve siècle, à la conquête de l’Espagne puis, un peu plus d’un siècle après, à la chute de leur empire lors de l’invasion de l’Espagne par les Arabes en 711 après Jésus-Christ, sont trop complexes pour être résumés dans cet article. Je dirai seulement que dans d’autres zones d’Europe les envahisseurs barbares avaient entraîné dévastation et mort ; par contre l’invasion des Wisigoths, marquée au siècle précédent par l’âpreté de la conquête, donna vie dans l’Espagne du vie siècle à une nouvelle société civile et religieuse, à une nouvelle culture, à un art nouveau et à une nouvelle vie politique, bref à l’intégration entre les deux ethnies hispano-romaine et wisigothique. Cela n’a pu se réaliser que grâce aux souverains wisigoths qui ont trouvé plus sage d’assimiler la structure sociale centenaire, la culture, les lois et la langue de la société hispano-romaine, plutôt que d’imposer, par la violence aux populations indigènes, leurs coutumes tribales.