La vision bienheureuse et l’amour rédempteur du Christ selon saint Thomas d’Aquin

Emmanuel ROUSSELIN
5,00 € l'unité
2018 - Fascicule n°2 2018 - Tome CXVIII
1800
179 - 214
Article
Thomas d'Aquin, Christ, Vision bienheureuse, Amour, Rédemption

Résumé

Pour Jean Galot, ce serait méconnaître l’amour rédempteur du Christ que de lui reconnaître la jouissance de la vision bienheureuse durant sa vie terrestre. La scientia visionis semble en effet incompatible avec la kénose du Verbe incarné. À la lumière de saint Thomas, le présent article montre au contraire que la vision bienheureuse conditionne l’amour rédempteur du Christ. D’une part, en effet, loin de minimiser les souffrances du Verbe incarné, elle accroît leur intensité et porte la kénose à son paroxysme. D’autre part, appréhendée comme amantissima cognitio, elle conditionne l’amour conscient et personnel du Christ pour tout homme durant sa vie terrestre.

Extrait

Pour saint Thomas d’Aquin, il faut reconnaître au Christ, dès le premier instant de son incarnation, la jouissance de la vision bienheureuse, communément appelée vision béatifique, par laquelle le Christ voit en permanence l’essence de Dieu et dispose ainsi d’une connaissance intime et immédiate de son Père céleste. Cette position, unanimement admise à l’époque de saint Thomas et par les théologiens catholiques jusqu’au XXe siècle, a connu une immense défaveur à l’époque contemporaine. Même si elle a toujours ses partisans, elle est passée du rang de doctrine classique à celui d’une hypothèse au mieux problématique, au pire inconcevable.