La virginité perpétuelle de la Mère du Jésus est paradoxalement la vérité sur Marie la moins étudiée par les mariologues et la plus remise en cause par quelques théologiens actuels. Mais est-ce une pieuse croyance ou une vérité révélée ? L’Église va-t-elle jusqu’à affirmer la dimension physique, réelle, de cette virginité ? Examinant le dossier historique de ce délicat problème, l’article signale la remise en cause récente de cette vérité comme un aspect particulier de la crise de l’Église, mis en lumière par Jean-Paul II et Benoît XVI. La convenance théologique de l’intégrité physique et morale de Marie suppose sa compréhension comme signe symbolique. Cette virginité mariale éclaire alors la virginité de l’Église, thématique chère à saint Augustin et que le pape François a rappelée en sa première encyclique.
Marie, la mère de Jésus est priée depuis la plus haute Antiquité comme « la vierge » par excellence. Est-elle ainsi bien nommée ? Le théologien peut-il apprécier le sens exact, la justesse et la profondeur de ce titre qu’elle reçoit par antonomase ? Pères de l’Église, docteurs et saints sont innombrables à proclamer, comme saint Ignace d’Antioche, la virginité de la mère de Jésus comme un des mystères retentissants. Paradoxalement, c’est aussi la vérité de foi que les mariologues ont le moins traitée et le dogme catholique marial le plus méconnu et régulièrement traité avec dérision. Le pape François vient de rappeler que « dans la conception virginale de Marie, nous avons un signe clair de la filiation divine du Christ. L’origine éternelle du Christ est dans le Père, il est le Fils dans un sens total et unique ; et pour cela il naît dans le temps sans l’intervention d’un homme ». Mais l’Église enseigne-t-elle clairement comme une vérité de foi que Notre-Dame est restée vierge avant, pendant et après la naissance de Jésus, ou est-ce simplement une sainte croyance ? L’hymne Ave ! Maris stella la chante comme semper virgo, le mot grec équivalent est ἀειπαρθένος. Est-ce là révélation divine ou supposition humaine, théologie ou poésie ? Parce qu’enfin Marie seule savait son intimité inviolée et la pudeur rendait ce mystère invérifiable. En outre, cette virginité est-elle réalité physique ou seulement morale et spirituelle ? Comment Marie a-t-elle pu enfanter Jésus sans la déchirure de l’hymen ? Cette naissance du Fils de Dieu, de soi, ne semble pas diminuer l’honneur de sa virginité. Entre-t-elle alors dans les définitions magistérielles ?