Défini par saint Thomas comme adaequatio rei et intellectus, le vrai ne semble pouvoir qualifier l’agir humain que de façon impropre et dérivée. On tâche de montrer au contraire dans la présente étude que la notion même de vérité spéculative, telle que saint Thomas la formalise, appelle une vérité d’un autre type, non plusadéquation de la chose et de l’intellect, mais ordination de l’intellect et du désir envue d’une action bonne. On examine alors la découverte qui a permis à saint Thomas de concevoir formellement et proprement la vérité pratique comme conformitas ad appetitum rectum et de situer avec exactitude cette conformité dans la vertu de prudence, aux confins de l’intelligence et du désir, à la confluence du vrai et du bien.