La philosophie du Verbe : L'union de la christologie et de la dialectique chez Jean Scot Erigène

Isabelle Moulin
5,00 € l'unité
2009 - Fascicule n°3 2009 - Tome CIX
1800
385 - 412
Article

Sous titre

L'union de la christologie et de la dialectique chez Jean Scot Erigène

Résumé

L’objet de l’article est de montrer comment Érigène articule philosophie et théologie grâce à l’acte créateur du Dieu trinitaire. En effectuant une superposition des deux moments de la dialectique (division/analyse) aux deux moments théologiques du rapport entre Dieu et le monde (exitus/reditus), Érigène montre le lien qui unit intimement révélation théophanique et intelligibilité du monde. Le lieu de ce nexus entre dialectique philosophique et dialectique théologique est le Christ-Logos, forme des formes en qui tout s’origine et vers qui tout revient.

Extrait

On connaît peu de chose de la vie de Jean Scot Érigène, un Irlandais, comme son nom l’indique doublement, qui est né sans doute au début du IXe siècle. Il est en revanche bien connu pour son travail de traduction puisqu’il a traduit l’ensemble des oeuvres de Denys le Pseudo-Aéropagite, le De hominis opificio de Grégoire de Nysse (qu’il appelle le De imagine), ainsi que les Quaestiones ad Thalassium et une partie des Ambigua ad Iohannem de Maxime le Confesseur. Il s’est également fait commentateur, puisqu’il a écrit un commentaire sur la Hiérarchie ecclésiastique de ce même Denys. L’originalité de sa propre pensée, qu’il développe essentiellement dans son ouvrage De la division de la Nature ou Periphyseon et dans une moindre mesure dans son Commentaire sur l’Évangile de Jean ainsi que dans son Homélie sur le Prologue de Jean, n’a pas toujours été bien soulignée. Au Moyen Âge, sa réception a été mitigée, et il est surtout connu pour son travail de traduction. La diffusion de sa pensée au Moyen Âge a sans doute souffert des condamnations récurrentes de son oeuvre au début du XIe siècle, puis au début du XIIIe siècle, ainsi que du développement de l’hérésie panthéiste de David de Dinant, de laquelle on a, à tort, rapproché les thèses d’Érigène.