La doctrine classique de la préexistence réelle du Christ comme Fils de Dieu est aujourd’hui malmenée. Le débat porte à la fois sur la légitimité exégétique d’une telle affirmation « ontologique » et sur ses implications en christologie systématique. Il semble difficile de concilier la préexistence du Christ en tant que Verbe éternel et la consistance propre de sa pleine humanité. L’article développe un argument simple et efficace en faveur de la préexistence réelle du Christ, à partir du motif à la fois biblique et systématique de la mission. On rencontre cet argument non seulement chez plusieurs exégètes contemporains, mais aussi dans certains aspects méconnus de la christologie de saint Thomas d’Aquin (Summa contra Gentiles, Lib. IV, cap. 34) : l’envoi du Christ dans le monde suppose la transcendance de l’envoyé par rapport au domaine où il se rend.
La doctrine classique de la préexistence réelle du Christ comme Fils de Dieu est aujourd’hui malmenée. Le débat porte à la fois sur la légitimité exégétique d’une telle affirmation « ontologique » et sur ses implications en christologie systématique. Il semble difficile à plusieurs théologiens contemporains de concilier la préexistence du Christ en tant que Verbe éternel et la consistance propre de sa pleine humanité.Tâchons d’éviter d’emblée un malentendu courant. Dans son acception classique, la préexistence désigne la transcendance du Christ par rapport au monde créé. Elle traduit un « surplomb » ontologique du Verbe éternel à travers toute la mission du Verbe incarné, aussi bien « avant » que « pendant » et « depuis » l’Incarnation. Ces indicateurs temporels sont relatifs au point de vue humain à partir duquel nous formons nos énoncés christologiques, mais ils ne doivent pas nous induire en erreur : la préexistence n’est pas un motif mythologique du simple fait de son préfixe.