L’Unité de l’expérience philosophique brosse une vision d’ensemble, la marche de l’esprit humain lui-même saisi dans l’unité de son rapport à la philosophie, à travers les diverses doctrines qui en parcourent l’histoire. Ce livre, sans équivalent français, paru en anglais en 1937, est l’un des témoins majeurs de l’œuvre philosophique de Gilson et pas seulement — supposée — historique. Sa remarquable traduction récente en relance l’intérêt pour le public francophone.
La traduction de la partie anglophone de l’œuvre de Gilson se poursuit, sous l’égide de l’abbaye de Fontgombault, avec le même éclat qu’un premier essai, Dieu et la philosophie. Le nouveau venu, publié en anglais en 1937, n’est donc ni inédit ni inconnu, mais sa diffusion francophone, même tardive, en relance l’intérêt. Fruit de l’enseignement de Gilson à l’Université Harvard, il en conserve, comme nombre de ses autres « lectures » (au sens anglais du terme), y compris de ses nombreuses séries tardives demeurées inédites, certaines caractéristiques. Parmi ces dernières, relevons : le caractère synthétique des exposés (très anglo-saxon, et la différence se fait sentir avec l’œuvre française de Gilson), le faible nombre de références (par ailleurs admirablement restituées dans leur texte original par le traducteur de la présente édition) et, plus que jamais, la liberté de jugement philosophique de l’auteur lui-même. Dans de pareilles leçons, Gilson apparaît moins corseté que dans l’Université française, aussi ombrageuse sur les jugements de vérité que sur la laïcité, hier comme aujourd’hui. C’est dire combien ce livre, malgré la profondeur de ses analyses, se montre des plus lisibles, pour public averti bien sûr, comme une sorte d’essai sur la philosophie et son esprit au fil de son histoire.