L’exégèse de Jn 1, 14.16.17 chez saint Thomas d’Aquin participe d’une recherche doctrinale qui s’inscrit dans une herméneutique de la révélation et du sens littéral. La signification de ces trois versets est pour lui centrale de l’identité néotestamentaire, à la fois fonctionnelle et ontologique, de Jésus comme Logos et Envoyé du Père. Cette étude met en vis-à-vis l’analyse du Commentaire de Jean et ses correspondances dans la Somme de théologie. Ces deux textes contemporains offrent, en se confirmant et se complétant, une exégèse théologique et dogmatique, qui introduit le lecteur dans l’identité ontologique de Jésus, Fils de Dieu, en son économie historique de grâce.
14. Et Verbum caro factum est et habitavit in nobis ; et vidimus gloriam eius, gloriam quasi Unigeniti a Patre, plenum gratiae et veritatis.Et le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi (en) nous (a) ; et nous avons vu sa gloire, gloire du Fils unique (comme d’un unique) issu du Père (b), plein de grâce [et] de [la] vérité (c). […]16. Et de plenitudine eius nos omnes accepimus, et gratiam pro gratia ;Et de sa plénitude nous avons tous reçu, et grâce pour (après, sur) grâce ;17. quia lex per Moysen data est, gratia et veritas per Iesum Christum facta est.car la Loi a été donnée par Moyse, la grâce et (de) la vérité sont venues (ont été communiquées) par Jésus Christ.
On a pu dire avec raison que Jean condense dans les deux versets 14 et 17 « tout l’essentiel de sa théologie de l’Incarnation ». Avec Jn 1, 14, 16-17, Col 2, 9 9, et Ph 2, 5-11 10, nous avons les trois documents majeurs de la christologie spéculative du Nouveau Testament. Nous nous proposons d’examiner dans le détail le contenu de l’exégèse thomasienne de ces trois versets du prologue dans son commentaire de l’évangile de Jean et dans la Somme de théologie qui lui est contemporaine