L’ange et le prophète

Serge-Thomas Bonino o.p.
5,00 € l'unité
2008 - Fascicule n°4
1800
531 - 572
Article

Sous titre

La médiation angélique dans la révélation prophétique selon saint Thomas d’Aquin

Résumé

La thèse de la médiation des anges dans la prophétie est pour saint Thomas d’Aquin un donné de tradition, confirmé par les systèmes philosophiques néoplatonisants, dont le théologien doit rendre raison. Il le fait tout d’abord en inscrivant cette thèse dans une vision d’ensemble du gouvernement divin, caractérisée par la conviction dionysienne que la vérité divine est communiquée selon une voie hiérarchique. Mais il rectifie Denys pour mettre mieux en valeur la primauté de Jésus-Christ, Parole ultime de Dieu. Il le fait ensuite en proposant un modèle noétique censé expliciter le processus cognitif de l’illumination du prophète par l’ange. Mais les perplexités de la tradition thomiste ultérieure signalent les ambiguïtés de ce modèle noétique : l’ange illuminant agit-il directement sur l’intelligence de ceux qu’il illumine ou bien, à la manière d’un enseignant humain, se contente d’une action dispositive à la périphérie de l’intelligence ?

Extrait

À la différence de son lointain cousin, la substance séparée du néoplatonisme gréco-arabe, l’ange chrétien ne produit pas grandchose. Il apparaît dépourvu de toute action causale qui toucherait aux sources mêmes de l’être. Il ne crée pas, car en théologie chrétienne la création est une action strictement réservée à Dieu. Il ne se reproduit pas non plus, puisque, substance simple et immatérielle, l’ange ne vient pas à l’existence par manière de génération à partir d’une matière préexistante mais par manière de création. D’où la question : l’ange chrétien serait-il stérile ? Serait-il privé de cette causalité qui est pourtant le signe de la dignité d’une substance dans la mesure où la causalité est manifestation d’actualité et donc de perfection ?