Le titre de « Fils de l’homme », venu de Dn 7, 13, est examiné ici dans les quatre livrets évangéliques, pour y vérifier les allusions à Daniel : chez les Synoptiques, dans la réponse de Jésus au grand prêtre au cours de son procès, et plus fréquemment chez Jean. Cet examen est important pour préciser, d’une part, la façon dont Jésus comprenait sa mission, et , d’autre part, le progrès de la Révélation qui va des Synoptiques au livret de Jean.
Jésus n’hésite pas à parler à la première personne du singulier pour donner à ses disciples ou aux foules ses propres enseignements. Des exemples topiques sont donnés dans le « Discours sur la montagne » (Mt 5-7), notamment quand il prend ses distances avec la littéralité de la Loi : « Il a été dit aux ancêtres, […] et moi je vous dis… » (Mt 5, 21-22, 27-28, 31-32, 33-34, 38-39, 43-44). Il ne craint donc pas de mettre en avant son « je ». Cette façon de parler est corrélative à sa conscience d’une mission personnelle qui dépasse celle des « anciens » auxquels le peuple juif doit sa Loi. Pourquoi donc recourt-il souvent à une périphrase qui ne correspond pas aux habitudes des auteurs bibliques ? Un simple exemple permet de fixer les idées. On lit dans Mc 2, 10-11 : « Afin que vous sachiez que le Fils de l'homme a le pouvoir sur terre de remettre les péchés, je te l'ordonne, lève-toi, dit-il au paralytique, prends ton grabat et va-t'en chez toi ! » Quelle est cette appellation singulière, d’où vient-elle et quel sens a-t-elle ?