Ce texte a pour but de revenir sur les explications données dans mon livre sur la substance à propos de l’individuation. Alors que j’y soutenais l’individuation par la materia signata, j’abandonne à présent cette position en soutenant que l’individu est constitué comme individu à partir de sa forme principe d’être individuel. À cette occasion il est apporté quelques précisions sur la causalité respective de la matière et de la forme.
Dans mon ouvrage sur la substance j’ai soutenu la thèse classiquement attribuée à saint Thomas selon laquelle l’individuation est causée par la materia signata susceptible de recevoir des dimensions déterminées. Une réflexion plus approfondie sur cette question à la suite de plusieurs lectures me conduit à abandonner désormais cette thèse en faveur de l’individuation par la forme, et à apporter quelques précisions sur ce sujet. Ici il ne sera pas question de savoir si oui ou non l’individuation par la matière dimensive est la thèse de saint Thomas, ou d’Aristote. Autrement dit il ne s’agit pas de savoir de quelles autorités thomistes ou aristotéliciennes peuvent se réclamer les diverses thèses sur l’individuation, bien que l’appui ou non de ces autorités puisse être un argument d’une certaine valeur. Il est plutôt question de mesurer la valeur des arguments qui permettent de conclure en faveur de l’une ou de l’autre des thèses en présence. L’objet de ce texte n’est pas non plus de reprendre tous les aspects de l’individuation, notamment au regard des questions de la métaphysique contemporaine. Sur ces points ce qui a été écrit me semble continuer à être assez valable et ne pas être incompatible avec la doctrine de l’individuation par la forme désormais adoptée. La réflexion présentée se poursuivra donc uniquement sur le plan de la philosophie première ou métaphysique conçue comme recherche des causes et principes de ce qui est en tant qu’il est.