Identification de Marie la magdaléenne dans l’Évangile selon saint Jean : Continuation d'André Feuillet, « Les onctions faites sur Jésus, et Marie Madeleine »

Renaud Silly, o.p.
5,00 € l'unité
2017 - Fascicule n°3
2017
445 - 478
Article
Écriture, Exégèse

Sous titre

Continuation d'André Feuillet, « Les onctions faites sur Jésus, et Marie Madeleine »

Résumé

L’évangile johannique dévoile à plusieurs reprises l’identité de personnages que les Synoptiques préfèrent laisser dans l’anonymat. C’est en particulier le cas de Marie, sœur de Lazare, dont Jn nous apprend qu’elle a réalisé deux onctions, l’une qui eut lieu chez Simon selon Lc 7, 36 s. et l’autre située à Béthanie la veille du dimanche des Rameaux. Jn est seul à nous apprendre que Marie reçut alors le commandement et le privilège de revenir au jour de sa sépulture pour y apporter le nard, symbole de foi en la résurrection. Jn procède à l’identification de la sœur de Lazare et de Marie la magdaléenne par des recoupements subtils et précis, analogues à ceux qui dévoilent le disciple bien-aimé (cf. Jn 1, 35 ; 21, 24). C’est à elle qu’il revient d’incarner le charisme prophétique chez Jn.

Extrait

En  1975, Monsieur André Feuillet,  p.s.s. analysa dans cette revue les onctions faites sur Jésus d’après les différents Évangiles. Prolongeant l’étude des relations entre les Synoptiques et Jn, il s’attelait ainsi à la question délicate des rapports de Marie la magdaléenne avec la pécheresse anonyme de Lc 7, 36-50 et avec Marie sœur de Marthe. La réforme liturgique venait de promulguer un sanctoral où la sainte célébrée le 22 juillet n’était plus connue que comme témoin du Ressuscité, selon l’accord unanime des quatre Évangiles. Elle se démarquait ainsi de l’ancien lectionnaire qui faisait lire Lc 7, 36-50 à cette date. Ce changement radical manifestait que le problème littéraire des rapports entre ces diverses figures n’engageait pas la foi. Ainsi la réinscrivait-elle paradoxalement à l’agenda des exégètes. Feuillet avait saisi dans l’identité de Marie la magdaléenne un problème théologique propre à Jn . C’est ce point précis, qui relève de l’exégèse johannique et non de la regula fidei¸ que l’on voudrait aborder ici, en complétant les arguments d’A. Feuillet et en replaçant ceux qui doivent l’être dans une perspective nouvelle.