Le P. Jean-Hervé Nicolas (1910-2001) a repris dans les années soixante-quatre-vingt le dossier de la contrition de crainte et de la contrition de charité, y apportant sa contribution par-delà les anciennes querelles entre attritionistes et contritionnistes. Cette étude propose l’examen de cette notable contribution. Le P. Nicolas y fait preuve d’une grande finesse de psychologie religieuse, notamment à propos des formes de crainte, sans céder à quelques simplifications doctrinales.
Cette étude est la première d’une série qui se propose d’analyser ce qu’on appelle les actes du pénitent ou encore les parties de la pénitence. Après l’étude de la vertu de pénitence dans le contexte moral et sacramentel dans lesquels ils prennent place, il convient d’aborder successivement chacun de ces actes. Nous le ferons en partant de la contrition qui est essentielle et première dans la démarche pénitentielle, telle que saint Thomas l’analyse dans la Somme de théologie, puis nous remonterons à ce qui en est ordinairement le préalable, la forme imparfaite, et qui n’est pas de même nature qu’elle, l’attrition. Nous convoquerons, outre saint Thomas, le P. Jean-Hervé Nicolas qui a donné sur ce point une éclairante contribution.Le mot contritio, contrition, signifie le broiement — de conterere — du cœur, contritio cordis. Elle est contritio animi, un acte intérieur de repentir, du moins le terme prend cette forte connotation dans la période patristique, mais il n’est pas encore le regret douloureux et complet d’avoir offensé Dieu par ses fautes. L’attritio, attrition, c’est ce qui brise le cœur, du verbe atterere, briser. Le mot ne comporte pas au départ l’idée de regret pénitentiel, mais signifie un effet intérieur qui met fin, plus ou moins profondément, à une action morale. Le terme évoluera dans le sens d’un repentir au XIIe siècle.