De Jacques Maritain à Charles Journet : à propos de la miséricorde en Dieu

Sébastien Perdrix o.p.
5,00 € l'unité
2015 - Fascicule n°1 2015 - Tome CXV
45 - 63
Article
Dieu, Charles Journet, Jacques Maritain, Miséricorde

Résumé

Le traitement maritainien de la question de l’attribution de la miséricorde en Dieu accorde une place de premier ordre à l’intuition. Celle-ci vient, en effet, comme «stimuler ou activer» la théologie dogmatique pour lui donner de progresser dans l’intelligence de la foi. J. Maritain et dans son sillage Ch. Journet, forts de l’expérience des mystiques et des poètes, iront jusqu’à affirmer le mystère d’une coexistence de la souffrance et de la Béatitude en Dieu. Cette étude se donne pour propos de relever dans l’œuvre de J. Maritain et Ch. Journet les grandes lignes d’une doctrine, originale en contexte thomiste, qui articule sagesse théologique et sagesse mystique.

Extrait

Peu de temps avant la mort de Jacques Maritain, le cardinal Charles Journet signait dans la revue The New Scholasticism (1972) un hommage à son ami sous le titre « Jacques Maritain “théologien” ». Il y fait l’éloge de celui qui, tout en ne cessant de se dire philosophe, a su porter un regard «exigeant» sur des questions proprement théologiques au point d’en découvrir «des richesses encore inexplorées» : «J. Maritain a touché aux problèmes les plus profonds et les plus mystérieux de la vie chrétienne et de la théologie. Et chaque fois non seulement pour prendre acte des réponses apportées par les théologiens et laisser toutes choses en place, mais pour aller plus avant et manifester davantage les principes de vérité qu’elles recelaient. Et cependant ce "théologien" si clairvoyant ne veut pas être rangé parmi "ses amis les théologiens". Il a raison et il sait pourquoi. La puissance de son regard est avant tout celle de l’intuition »C’est donc au moyen de l’intuition que J. Maritain a fait œuvre de théologien. Cette intuition, précise Ch. Journet, s’est exercée sur deux plans : «Celui d’abord de la foi amoureuse et contemplative» et ensuite celui «de la métaphysique».