Contribution à une théologie chrétienne du judaïsme

Édouard Divry o.p.
5,00 € l'unité
2016 - Fascicule n°4
1800
557 - 584
Article
Judaïsme

Résumé

Le nazisme et sa conséquence, la Shoah, ont permis plusieurs prises de conscience : une analogue lutte des juifs et des chrétiens contre ce paganisme antisémite, et aussi des expressions à corriger dans la vie ecclésiale. Cinquante ans après Nostra Ætate, reste à reconstruire une théologie chrétienne du judaïsme actuel : celle-ci ne doit pas manquer d’être pour les chrétiens une reconsidération des relations avec le judaïsme — accomplissement [continuité, rupture, dépassement], sororité, substitution théologale, prédication de la grâce, antijudaïsme d’apologie —, ainsi que pour les juifs vis-à-vis des chrétiens — néo-guématrie critique, asymétrie non exclusive, ré-évaluation positive du miracle —, au total une force d’interpellation pour aujourd’hui.

Extrait

Dès avant-guerre, et après, avec Vatican II, les retrouvailles ont été considérables. Juifs et chrétiens avaient souffert ensemble du paganisme nazi. Bien des initiatives, après 1946, ont profité de ce climat pour instaurer de nouvelles relations. En 1965, à la fin du concile Vatican II, la déclaration conciliaire Nostra Ætate, au n° 4, a défini le cadre de ces nouveaux rapports. Dans ces derniers, se trouve la volonté d’éliminer au sein de la catéchèse chrétienne «l’enseignement du mépris » qui avait jadis favorisé un antijudaïsme chrétien et dont a profité l’antisémitisme racial du nazisme. À dessein, Hitler avait republié les pamphlets de Martin Luther contre les Juifs de sorte que les luthériens élurent plus facilement le futur chancelier de l’Allemagne du Troisième Reich que les catholiques (70 à 90 % contre). Peu après la Shoah les premiers rassemblements judéo-chrétiens, en particulier celui de Seelisberg en 1947, organisé à l’initiative des protestants, donnèrent le ton. La déclaration finale en dix points est remarquable par sa volonté de repentance. L’heure exigeait une juste humilité de la part des chrétiens qui avaient failli devant les assauts du mal et qui n’avaient pas assez écouté le cri du « sang ». Beaucoup s’étaient retranchés derrière la recommandation vétérotestamentaire : « Il est bon d’attendre en silence le salut du Seigneur. »