Conscience et loi naturelle dans les manuels d’avant Vatican II

Paul Rambert
5,00 € l'unité
2019 - Fascicule n°3 2019 - Tome CXIX
1800
397 - 448
Article
conscience, loi naturelle, manuels de morale

Résumé

L’objet de cet article est de clarifier l’articulation entre conscience et loi naturelle, d’abord chez saint Thomas, puis dans les manuels de philosophie et de théologie morale d’avant Vatican II. La conscience au sens strict (la conscience actuelle) est l’application de la connaissance générale donnée par les préceptes de la loi naturelle à une situation concrète perçue par la raison. Les manuels, en suivant une piste ouverte par saint Thomas, ont développé le concept de conscience habituelle, qui comprend un ensemble d’habitus : la syndérèse, la science morale, l’expérience de la vie et la vertu de prudence. Dans ce sens, la conscience (habituelle) englobe la loi naturelle. L’auteur de l’article suggère la possibilité d’utiliser le double concept de conscience (habituelle et actuelle), de préférence à celui — souvent mal compris — de loi naturelle dans l’exposition de la morale chrétienne. Dans la ligne des Pères et du renouveau prôné par Vatican II, la conscience signifierait alors de façon générale le sujet moral, c’est-à-dire le sujet appelé par Dieu à faire le bien et à éviter le mal, ou bien cette capacité même du sujet à connaître le bien et le mal, dont le noyau dur est la syndérèse et qui est perfectionnée par la prudence, la science morale, l'expérience de la vie et d'autres habitus.

Extrait

Notre propos est de caractériser l’articulation entre la conscience et la loi naturelle telle qu’elle apparaît dans les manuels de théologie morale et de philosophie morale en usage avant et pendant le concile Vatican II à la lumière des textes de saint Thomas sur la conscience et la prudence, auxquels ces manuels se réfèrent. Nous analyserons cette articulation telle qu’elle apparaît chez saint Thomas (2), mais après avoir situé historiquement les concepts de conscience et de syndérèse tels que saint Thomas les reçoit (1). Puis nous étudierons la doctrine sur la conscience, y compris l’articulation entre conscience et loi naturelle, telle qu’elle apparaît dans les manuels (3). Enfin nous en tirerons des conclusions et des perspectives (4).