Nous inaugurons un bulletin de théologie sacramentaire dont les premières livraisons seront consacrées au mariage, à l’occasion du récent synode sur la famille. Trois ouvrages fondamentaux sont ici analysés en détail : le traité du mariage de Jean-Philippe Revel (2012), la thèse d’Hélène Bricout sur le ministre du sacrement du mariage (2015) et l’essai du cardinal Marc Ouellet sur le mariage comme sacrement primordial, clef de lecture de l’ensemble de la sacramentaire et du mystère chrétien (2014). Les deux premiers se complètent admirablement dans leur tentative de réhabiliter la thèse de Melchior Cano sur le prêtre comme ministre ordinaire du mariage et de battre en brèche la position inverse de Bellarmin devenue opinion commune selon laquelle ce sont les époux qui en sont eux-mêmes les ministres. Le troisième, qui s’en tient sur ce point à la doctrine commune, rejoint les deux autres quant à la nécessité de repenser ce sacrement à nouveaux frais afin de dépasser le cadre étroit qui lui a été longtemps assigné et lui faire produire de nouveaux fruits pour notre temps.
Les deux dernières assemblées du synode des évêques sur la famille ont suscité de nombreuses publications sur le mariage et sur la question délicate des divorcés remariés, dont un certain nombre mérite d’être signalé du point de vue de la théologie sacramentaire. C’est aussi l’occasion de présenter quelques ouvrages plus anciens mais d’importance sur le sujet, à commencer par celui du frère Jean-Philippe Revel, qui s’inscrit dans l’entreprise plus vaste d’une véritable somme théologique sur les sacrements et qui fera lui aussi référence. Nous avons déjà présenté dans un précédent bulletin les volumes sur le baptême et les sacrements en général (I/1 et 2, 2004-2005), la confirmation (II, 2006) et l’onction des malades (VI, 2009) 3 . Il nous restera pour un prochain bulletin celui sur la pénitence (V, 2014), publié à titre posthume. Les volumes prévus sur l’eucharistie (III) et sur l’ordre (IV) manqueront définitivement. — Ce septième volume s’organise en sept chapitres regroupés en deux parties inégales. La première partie présente le sacrement du mariage en général : 1. La révélation du mystère du mariage dans l’Écriture ; 2. La grâce sacramentelle (res tantum). La seconde partie examine quelques questions spéciales : 1. L’histoire du rite liturgique (signum tantum) ; 2. La détermination du rite essentiel et du ministre ; 3. Le lien matrimonial (res et sacramentum) ; 4. Les fins du mariage ; 5. La situation respective du mariage et de la virginité. — Le genre est celui d’un traité de théologie, ce qui n’exclut pas des considérations pastorales fondées sur une longue expérience en paroisse. L’A. veut faire œuvre de tradition en renvoyant avant tout aux sources, aux grands auteurs et au magistère même récent plutôt qu’aux dernières études en date, contrairement aux usages académiques actuels. On retrouve de ce point de vue les qualités pédagogiques et scientifiques remarquables des ouvrages précédents, avec une même attention aux sources scripturaires, patristiques et liturgiques ; un excellent exposé des principaux débats doctrinaux scolastiques ou contemporains, parfaitement informé de la position de saint Thomas d’Aquin sans pour autant le suivre toujours à la lettre, prenant clairement position tout en laissant place à l’argumentation contraire. Seule la section sur le divorce empêche de recommander ce traité de manière inconditionnelle.