Ce bulletin présente une douzaine de travaux récents sur la pensée arabe et islamique. Pour la période classique, Fârâbî est l’auteur qui attire le plus l’attention actuellement. Mais d’autres courants sont aussi examinés entre le Xe et le XVIIe siècle. Deux ouvrages présentent des aspects contrastés de la confrontation avec l’Occident : le rôle « instrumental » joué par les écrits d’Averroès d’une part ; l’intervention des jésuites dans la tentative réformiste d’Akbar de l’autre. Enfin deux autres ouvrages apparaissent comme des symptômes des tensions internes au monde arabe et islamique moderne.
La Falsafa n’est qu’une partie de la philosophie d’expression arabe, la hikma (sagesse), à savoir, parmi les diverses tendances, celle qui s’est réclamée en priorité de l’héritage grec. Elle n’est pas, pour autant, absolument monolithique : en effet, tel de ses représentants, comme Abû Bakr al-Râzî, a ses propres références et son propre cheminement ; tels autres, comme Yahyâ Ibn ‘Adî, refusent de reprendre à leur compte l’édifice cosmo-gnoséologique inspiré de l’émanatisme alexandrin ; Averroès, pour sa part, reprend à sa base toute la table des matières du corpus aristotélicien fixé par Andronicos de Rhodes pour lui rendre le caractère naturaliste qui lui paraît avoir été trahi par ses devanciers.