Bulletin d’islamologie (VI) : Chronique al-Gazālī pour le neuf-centième anniversaire de sa mort

Emmanuel Pisani o.p.
5,00 € l'unité
2012 - Fascicule n°2 2012 - Tome CXII
347 - 374
Bulletin
Islam, al gazali

Sous titre

Chronique al-Gazālī pour le neuf-centième anniversaire de sa mort

Résumé

Abū Ḥāmid al-Ġazālī (m. 1111) est considéré par les orientalistes comme « le saint Thomas d’Aquin de l’islam » (G. C. Anawati). Surnommé Ḥuğğat al-islām, la preuve de l’islam, il est une autorité incontestée dont tous les courants musulmans contemporains se revendiquent, qu’il s’agisse du théoricien fondamentaliste Rašīd Riḍā (1865-1935) ou du penseur historien Abdelmajid Charfi, à l’exception des salafistes. La célébration du neuvième centenaire de sa mort a été l’occasion de nombreux colloques et publications. Notre Bulletin rendra compte des ouvrages publiés ces dix dernières années autour d’al-Ġazālī ainsi que de la publication de traductions ou d’éditions critiques. Par là même, nous soulignerons la richesse d’une pensée qui n’est pas sans nuances.

Extrait

L’émergence de nouveaux courants de pensée au XIXe siècle — chacun revendiquant le monopole de l’interprétation légitime — s’est accompagnée de l’effacement progressif du penseur le plus représentatif de l’islam sunnite : Abū Ḥāmid Muḥammad al-Ġazālī (m. 1111). L’essor à l’époque contemporaine d’un islam fondamentaliste et sectaire, issu de la mouvance wahhabite, a renforcé le déclin de l’influence du maître. Faut-il percevoir dans l’oubli de sa pensée le retour de courants qu’al-Ġazālī avait cherchés en son temps à éradiquer ? Comme le remarque Mohamed Nabil Nofal, dans un contexte politique agité où fleurissait le prosélytisme des écoles philosophiques, des théologies (kalām) fermées anathémisant l’adversaire (takfīr) et des sectes ésotériques, al-Ġazālī s’était en effet efforcé de clarifier le débat et de répondre à ses détracteurs.