La question de la prédestination est de nouveau à l’ordre du jour, le phénomène est assez rare pour devoir être noté. Il ne s’agit pas d’exhumer un vieux problème mais de répondre à une question formidable et centrale dans la foi chrétienne. Aussi décalée soit-elle, au regard de préoccupations postmodernes, elle ne cesse de se poser. Le frère Basile Valuet en est tellement persuadé qu’il a osé reprendre à frais nouveaux l’analyse précise des textes de saint Thomas dans leur ordre chronologique et selon une exégèse linéaire, et in fine proposer une synthèse générale qui est un essai de solution, dont les lecteurs de la Revue thomiste ont eu une version nouvelle.L’A. annonce trois autres volumes plus historiques qui concerneront principalement la tradition occidentale, depuis sa formulation scripturaire paulinienne et son interprétation augustinienne, jusqu’au dernier quart du XXe siècle. Une trajectoire décisive et complexe, qui charrie bien des problèmes, semble aboutir à des impasses, où les interprètes ne cessent de soulever toutes sortes de difficultés logiques, métaphysiques et doctrinales. Les débats répétés à satiété susciteront de nombreuses interventions magistérielles de caractère souvent prudentiel, qui obligeront chaque partie en présence (les thomistes et les molinistes) à des ajustements, dont on ne prend pas a posteriori toute la mesure ; bref, c’est encore une des questions de fond les plus controversées, largement devant celle, bien connue, du motif de l’Incarnation ou de l’union des deux natures dans le Christ. Après une parenthèse de cinquante ans,après le concile, pour des raisons qui seraient à expliquer, auxquelles il ne convient pas ici de s’arrêter, la question est aujourd’hui heureusement reprise à frais nouveaux.