Y a-t-il chez Thomas d’Aquin une pensée authentiquement philosophique sur les principes du droit ?

Michel Boyancé
8,00 € l'unité
2025 - Tome CXXV 2025 - Fascicule n°1
125
CXXV
Mars 2025
1
2025
21 - 34
Article
Philosophie, droit

Résumé

Il est admis que Thomas d’Aquin est une référence pour les juristes car il a, bien que de manière très synthétique et dans peu de textes, rappelé l’importance du droit en s’appuyant sur les juristes connus à son époque. Cependant, peut-on dire que, malgré le fait qu’il soit théologien et que ses textes principaux sur le droit soient présents dans sa Somme de théologie, il respecte, quant à la méthode, la distinction des disciplines, entre philosophie héritée de la pensée gréco-latine et théologie révélée ? Cette distinction rejaillit-elle sur le droit lui-même fermant la perspective qu’il soit une discipline à part entière ? Est-il soumis intrinsèquement dans son mode propre à l’acte de foi ? Il s’agit donc de voir si Thomas a respecté les différents modes propres à chacune des sciences ou disciplines considérées. Seront ainsi convoquées les distinctions méthodologiques issues des principaux textes en jeu : notamment entre philosophie et doctrina sacra (Summa theologiae, Ia, q. 1), quant à la loi (IIa-IIae, q. 90), et quant au droit (IIa-IIae, q. 57).

Extrait

Nous suivrons d’aussi près que possible la pensée de Thomas d’Aquin sur le droit (ius) pour répondre à notre question. Il est admis que Thomas d’Aquin est une référence pour les juristes car il a, bien que de manière très synthétique et dans peu de textes, rappelé l’importance du Droit comme discipline propre en s’appuyant sur les juristes connus à son époque. Le terme « authentiquement » du titre est à préciser car il n’existe pas comme tel dans ses textes mais relève d’une préoccupation qui est la sienne : peut-on dire que, malgré le fait qu’il soit théologien et que ses textes principaux sur le droit soient présents dans sa Somme de théologie, il respecte, quant aux principes, la distinction des disciplines, entre philosophie héritée de la pensée gréco-latine et théologie révélée qui présuppose un acte de foi dans les Écritures Saintes ? Cette distinction rejaillit-elle sur le droit lui-même ouvrant la perspective qu’il soit une discipline autonome à part entière ? Ou bien est-il soumis intrinsèquement dans son mode propre à l’acte de foi ?