Wittgenstein, saint Thomas et l’intériorité

François-Xavier Putallaz
5,00 € l'unité
2011 - Fascicule n°1 2011 - Tome CXI
35 - 65
Article
Wittgenstein, Intériorité, Thomas d'Aquin

Sous titre

Une discutable lecture de Roger Pouivet

Résumé

La traduction anglaise du livre de Roger Pouivet Après Wittgenstein, saint Thomas fournit l’occasion d’une critique circonstanciée de la thèse principale de cet audacieux ouvrage, selon lequel le théologien médiéval rejoindrait le philosophe contemporain dans une commune critique de l’internalisme : il n’existerait pas d’actes mentaux indépendamment du langage qui les constitue. Une analyse minutieuse de toutes les citations de saint Thomas convoquées à cet effet conduit à un constat sévère : les textes de saint Thomas sont sollicités de manière indue, et leur interprétation voisine en permanence le contresens. Il n’est pas impossible que de telles erreurs de lecture proviennent de l’actuelle éclipse de la métaphysique, qui a pour conséquence qu’on cherche à décrire la vie mentale plutôt qu’à l’analyser.

Extrait

La traduction anglaise du livre de Roger Pouivet intitulé Après Wittgenstein, saint Thomas donne l’occasion de s’interroger sur la façon dont l’auteur lit Thomas d’Aquin quand il invite à un rapprochement inattendu entre un théologien du XIIIe siècle et un philosophe contemporain. Paru il y a quinze ans, ce petit ouvrage relève un grand défi : comment concilier les études médiévales avec nos questions contemporaines ? Il le fait un peu dans la perspective adoptée en 1982 par la Cambridge History of Later Medieval Philosophy : comment présenter la philosophie médiévale de manière à clore l’ère où celle-ci était étudiée dans un ghetto philosophique, puisque, d’un côté, la plupart de ceux qui s’y livraient étaient peu familiarisés avec la philosophie analytique et que, d’un autre côté, la majeure partie du travail philosophique contemporain témoignait d’une parfaite ignorance des idées des médiévaux ?