Une clef pour comprendre le désir naturel de voir Dieu selon saint Thomas d’Aquin (I)

Alain Contat
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2017 - Fascicule n°3
2017
397 - 416
Article
Anthropologie

Résumé

Cet article constitue la première partie d’une étude dédiée à la vexata quaestio du désir naturel de voir Dieu, à laquelle l’auteur espère apporter une contribution originale. Pour aborder ce sujet difficile sans pétition de principe, il est nécessaire de dresser, dans un premier temps, l’inventaire des thèses apparemment opposées que saint Thomas semble formuler, à ce propos, tout au long de sa carrière. C’est pourquoi l’on développe ici six apories ou problemata dont l’exploration puis la solution sont indispensables pour traiter cette question de manière systématique.

Extrait

Il est des problèmes philosophiques et théologiques qui traversent les siècles sans vieillir, parce qu’ils sollicitent nécessairement l’intérêt de  l’esprit  humain,  au-dessus des engouements passagers. C’est ainsi qu’Aristote caractérisait déjà la question de l’être comme « l’éternel recherché et l’éternel problématisé ». Il en va de même du désir naturel de voir Dieu, thème qui n’a cessé d’être discuté depuis saint Thomas d’Aquin et souvent par rapport à lui, notamment dans les décennies qui précédèrent et suivirent le concile de Trente, puis et surtout au XXe siècle. Au début de notre XXIe siècle, la grande monographie historique et systématique de Lawrence Feingold, qui a fait l’objet de deux éditions et de nombreuses réactions, a fait rebondir cette question difficile entre toutes. Malgré l’immensité de la bibliographie sur ce sujet, nous voudrions à notre tour prendre part au débat, auquel nous pensons pouvoir apporter deux contributions. La première, de type méthodologique, est certainement modeste, car elle consiste seulement à esquisser un inventaire organique des principales apories que le corpus thomiste semble présenter à ce sujet, et qui sont à l’origine des divergences radicales qui opposent les interprètes de l’Aquinate. Notre seconde contribution, de type doctrinal, pourrait s’avérer plus novatrice, parce qu’elle s’appuie sur une caractéristique peu explorée du desiderium thomiste, qui nous semble éclairer en profondeur la nature et les implications du désir de la vision béatifique. Dans le cadre ainsi défini, nous articulerons notre propos en trois étapes : la problématique du désir naturel (1) ; une clef de solution inaperçue (2) ; notre proposition systématique (3).