Saint Thomas d’Aquin lecteur des canonistes médiévaux

Thierry Sol
8,00 € l'unité
2025 - Tome CXXV 2025 - Fascicule n°1
125
CXXV
Mars 2025
1
2025
101 - 120
Article
droit canonique, canoniste

Résumé

Le rapport de saint Thomas avec les canonistes médiévaux est ici analysé à travers deux exemples : la problématique de la simonie et celle du sceau sacramentel de la confession. L’interprétation de saint Thomas montre sa connaissance précise des sujets traités et des enjeux canoniques mais aussi et surtout sa capacité à saisir les aspects fondamentaux des problèmes à partir de la réflexion théologique, ce qui lui permet d’offrir des solutions qui partent de la nature même des biens juridiques concernés.

Extrait

Que saint Thomas ait lu les canonistes médiévaux est une évidence car, même si les disciplines théologique et canonique sont déjà spécialisées au XIIIe siècle, leurs thèmes et leurs sources leur sont communs, de même que l’usage de la dialectique, au sein d’une vision du monde largement unifiée par la métaphysique et l’anthropologie chrétienne. Leur dialogue est donc constant et fertile.
Pour résumer à grands traits, on pourrait dire que la science canonique étudie les mêmes thèmes que la théologie, mais sous l’angle de la justice, c’est-à-dire dans la perspective de ce qui est juste. Certes le droit canonique a largement utilisé depuis le XIIe siècle les techniques du droit romain, mais il n’est pas devenu pour autant contraire à la nature de l’Église, comme l’ont prétendu certains. Il s’inscrit au contraire pleinement, depuis les décrétistes, dans une vision réaliste du droit, qui conçoit le droit comme une chose et non comme une faculté ou un pouvoir. Cette conception qui était celle d’Aristote et du droit romain, est aussi celle de saint Thomas.