Réflexions sur la nature et les modalités de la présence de Dieu dans l’âme en état de grâce (II) : Le Dieu intérieur

Arnaud Renard
5,00 € l'unité
2017 - Fascicule n°4
2017
569 - 599
Article
Grâce

Sous titre

Le Dieu intérieur

Résumé

La mise en lumière de l’existence d’un ordre intelligible, ordre qui caractérise le monde des créatures spirituelles sans être en aucune manière extérieur au domaine de l’esse, permet de rejoindre les grandes intuitions de Jean de Saint-Thomas et du P. Ambroise Gardeil : Dieu-Trinité peut être découvert au cœur du juste, de la même manière que l’âme se connaît elle-même à la racine de ses opérations. Cette découverte s’effectue au plan de la connaissance « quasi » expérimentale des personnes divines dans l’âme. Mais cela ne suppose aucune « mise entre parenthèses » de la foi vive, ni de son exercice. Au contraire, la contemplation savoureuse des mystères dans la foi donne à cette connaissance expérimentale l’occasion de se réaliser.

Extrait

e) Entre immensité et intentionnalité, l’ordre intelligible

Les éléments à conjoindre sont donc les suivants : Dieu est dans sa créature en vertu de l’acte créateur. Cette présence fondamentale repose sur la communication de l’être. Il faut rappeler, avec le P. Gardeil, que cette communication est propre à Dieu, Ipsum Esse subsistens. Elle fonde le rapport le plus intime entre Dieu et sa créature. Telle est la présence ontologique, ou encore « d’immensité », par quoi Dieu est dans (esse in) tout ce qu’il crée. Puis, on trouve la présence intentionnelle : elle est comme métaphysiquement seconde, puisqu’elle ne s’étend pas au-delà de l’acte second. Enfin, la présence spéciale correspond au « mode spécial » selon lequel Dieu est dit être dans le juste. Elle est intrinsèquement liée à la grâce. Elle correspond, selon le schéma structurel retenu pour exprimer la présence, à une communication nouvelle qui est faite à l’homme en amont de ses actes seconds. La communication de la grâce n’est pas extérieure à l’esse, mais constitue une spécification propre de l’esse. La grâce n’ajoute pas plus à l’être que n’importe lequel de ses modes spéciaux — puisqu’elle est de l’être. Mais le nouveau mode d’être qu’elle constitue fonde, en vertu de sa spécificité, un nouveau mode de présence divine. Il existe en effet un esse in « spécial » de Dieu dans le saint que ne connaît pas l’être privé de la grâce.