Cette note à propos du problème de la séparabilité des accidents et de l’esse accidentel se propose d’étudier un cas relativement connu en théologie eucharistique où la réflexion de l’Aquinate rencontre un problème délicat de formalisation technique où se conjugue une double perception métaphysique et théologique de l’étant et de Dieu à l’intérieur de l’analyse d’un mystère de foi, problème qui n’a pas échappé à ses commentateurs d’hier et d’aujourd’hui.
Dans le De rationibus fidei, cap. 8, saint Thomas écrit : « Dieu, qui est le créateur de la substance et de l’accident, peut conserver les accidents sensibles dans l’être (in esse) leurs sujets étant changés en quelque chose d’autre ; car par sa toute-puissance il peut et produire et conserver dans l’être les effets des causes secondes sans ces causes secondes » ; et dans la Summa contra Gentiles, Lib. IV, cap. 65 : « Dieu peut conserver dans l’être l’effet des causes secondes sans ces causes secondes. C’est de cette manière que, dans ce sacrement, il conserve l’accident dans l’être après la disparition de la substance qui conservait cet accident. »...