Les damnés seront-ils annihilés ? À propos de deux ouvrages sur l'enfer (I)

Mgr Christophe J. Kruijen
Prix constaté: 8,00 € Notre prix: 8,00 € l'unité
2022 - Fascicule n°3
122
CXXII
Septembre 2022
3
2022
467 - 497
Article

Résumé

Jugeant que l’enseignement de l’Église sur l’enfer est inacceptable et en rupture avec le « christianisme originel », Michel Fromaget et Yvon Kull ont reproposé en 2017 la thèse de l’annihilation des damnés ou conditionalisme, selon laquelle la damnation ne consisterait pas en un tourment sans fin, mais en un anéantissement de l’être même des réprouvés. Conçue comme troisième voie entre la doctrine traditionnelle de l’enfer et l’affirmation d’un salut universel, il s’agit en réalité d’une variante de la négation de l’enfer, mais moins répandue que l’apocatastase. Cette position, qui est restée globalement marginale au cours de l’histoire des doctrines chrétiennes, demeure irrecevable pour des motifs d’abord doctrinaux — elle est notamment contraire à l’enseignement dogmatique de l’Église sur l’immortalité de l’âme et la perpétuité des peines de l’enfer —, mais aussi théologiques, philosophiques et anthropologiques.

Extrait

En 2017, ont été publiés coup sur coup deux ouvrages consacrés au thème de l’enfer et dont le point commun est de défendre l’idée selon laquelle les damnés ne seraient pas tourmentés sans fin, mais cesseraient purement et simplement d’être après leur mort ou après la résurrection et le jugement général. On parle à ce sujet de la théorie de l’annihilation ou annihilationisme, ou encore du conditionalisme, puisque la « survivance » éternelle dans l’au-delà dépendrait d’une condition, à savoir : faire partie des sauvés.
Compte tenu du fait que les idées avancées dans ces ouvrages d’inégale longueur interfèrent avec plusieurs doctrines de la foi catholique, directement attaquées ou du moins remises en question, il a paru opportun de procéder en deux étapes. Dans un premier temps, nous esquisserons une présentation succincte de ces deux publications, au cours de laquelle seront insérées quelques observations critiques (A). Dans un second temps, nous proposerons des éléments de réflexion théologiques et doctrinaux plus développés, en vue d’une évaluation critique des thèses ou hypothèses en présence (B).