Les corps glorieux d’après l’enseignement de saint Thomas d’Aquin dans la “Somme contre les Gentils” (Lib. IV, cap. 79-97)

Louis-Marie Couillaud
5,00 € l'unité
2019 - Fascicule n°2 2019 - Tome CXIX
1800
247 - 297
Article
Thomas d'Aquin, corps glorieux, somme contre les gentils

Résumé

Dans la dernière partie du quatrième livre de la Somme contre les Gentils (Lib. IV, cap. 79-97), saint Thomas traite de ce qui dépasse la raison à propos de la fin ultime de l’homme (ibid., cap. 1, 12), et en particulier la glorification des corps des bienheureux. En effet, puisque le Seigneur Jésus est venu sauver tout l’homme, son âme et son corps, la question de l’état du corps humain des bienheureux après la Résurrection et le Jugement dernier appartient à la recherche de l’intellectus fidei. La démarche théologique fondée sur l’enseignement de la Révélation, la structure interne de ces chapitres, et enfin l’héritage patristique pleinement assumé par le Docteur commun, permettent d’aborder sereinement ses réponses à cette difficile question, placée ici au coeur du traité des fins dernières.

Extrait

Cette étude voudrait aborder la question de l’état des corps glorieux après la résurrection et le jugement dernier, à la lumière de la présentation qu’en fait saint Thomas d’Aquin dans son traité des fins dernières, en conclusion de la Somme contre les Gentils. Afin de mesurer la portée de la théologie du Docteur commun sur cette question, il n’est peut-être pas inutile, dans cette introduction, de considérer l’objection la plus fréquente dès qu’il s’agit d’eschatologie : il nous est impossible de parler de ce qui n’est pas encore et dont nous ne connaissons pratiquement rien. À plus forte raison pour les mystères de foi concernant la résurrection des corps et leur glorification après le jugement dernier. Les fondements de cette objection réelle sont très divers dans l’histoire de
la théologie des fins dernières et demanderaient une étude à part. Quels qu’ils soient, la conclusion est claire : hormis la confession de foi en la résurrection de la chair (ce qui est déjà considérable de nos jours, même chez les chrétiens…), on ne peut, voire on ne doit rien dire concernant la vie future. L’homme ici-bas n’aura jamais de représentation ou image, ni de pensée exprimable sur les corps ressuscités : tout essai est donc vain.