Le thomisme au secours du jansénisme dans la querelle de la grâce : Vrais et faux thomistes au temps de la bulle Unigenitus (1713)

Sylvio Hermann De Franceschi
5,00 € l'unité
2007- fascicule n°3 2007 - Tome CVII
375 - 418
Article
Thomisme, jansenisme, Grâce, querelle, unigenitus

Sous titre

Vrais et faux thomistes au temps de la bulle Unigenitus (1713)

Résumé

Le présent article tente d’analyser les rapports doctrinaux entre thomisme et jansénisme dans la querelle de la grâce au temps de la fulmination de la bulle Unigenitus (1713) à partir de la polémique à laquelle a donné lieu le Traité de l’action de Dieu sur les créatures du janséniste François-Laurent Boursier. En proposant une interprétation strictement thomiste des positions augustiniennes, Boursier provoque l’irritation du parti moliniste, qui, en retour, accuse le Traité de l’action de Dieu de colporter athéisme et spinozisme. 

Extrait

À l’apogée de la querelle séculaire autour des litigieux rapports entre le libre arbitre et la grâce divine, la fulmination de la bulle Unigenitus par le pape Clément XI le 8 septembre 1713 conclut, en un assourdissant point d’orgue, le long crescendo des tensions qui ont opposé au sein de la catholicité la curie romaine et ses orthodoxes thuriféraires aux disciples prétendument augustiniens de Jansénius. En condamnant — dans le droit fil de la proscription déjà intimée par le bref Universi dominici gregis du 13 juillet 1708 — cent une propositions tirées des Réflexions morales de l’oratorien Pasquier Quesnel (1634-1719), ouvrage dont la doctrine était d’inspiration clairement janséniste, la papauté signifiait une ultime fin de non-recevoir aux partisans du défunt évêque d’Ypres, après l’interminable séquelle des interdictions successives de l’Augustinus. L’énorme effort polémique consenti par les tenants du jansénisme s’affrontait désormais à une éclatante et retentissante proscription pour hérésie qui reléguait au second plan les précédentes mises au ban de la communauté ecclésiale.