Le pape Benoît XVI souleva une grave question pastorale en s’interrogeant sur la validité dans les sociétés occidentales d’aujourd’hui des engagements sur les fins du mariage de la part de fiancés non croyants. Certes, ces fins sont de soi naturelles et universelles, mais il est très difficile aujourd’hui que nos jeunes, conditionnés par une société où dominent le relativisme et le laxisme moral, puissent le percevoir sans l’assistance de la foi et d’une pratique religieuse engagée.
Dans de nombreux pays d’Europe occidentale beaucoup de couples ont de moins en moins recours au mariage civil, et moins encore au mariage religieux. Avec la déchristianisation de la majorité de la société, on constate en effet une perte de sens du mariage y compris dans son fondement naturel. De ce fait, les mariages religieux tendent dans ces pays à devenir le fait de personnes croyantes bien disposées à être cohérentes moralement avec leur foi pour peu qu’elles soient convenablement préparées au sacrement, ce qui est aujourd’hui de plus en plus le cas. La situation des couples de divorcés remariés, qui accapare ces temps-ci la sollicitude de la hiérarchie de l’Église me semble en conséquence en voie de disparition.Mon expérience pastorale dans un pays comme la France m’a montré que les couples remariés composés de pratiquants réguliers sont, de fait, composés de croyants loyaux avec la cohérence de leur foi qui de ce fait ne demandent pas de pouvoir communier. En conséquence, soit ils demandent à l’Église d’examiner la nullité éventuelle d’un précédent mariage, car ils ont honnêtement des raisons de le croire invalide, soit ils choisissent la voie de la continence, soit ils acceptent de cheminer sans les sacrements dans une vie qui reste néanmoins souvent fervente. Ils savent que la grâce de Dieu ne se limite pas aux sacrements et ils trouvent un accompagnement pastoral de qualité. Quant à ceux, les plus nombreux, qui n’ont qu’une pratique épisodique et avant tout sociologique, ils ne sont pas mus d’abord par le désir de communier, car ils pratiquent peu ou pas leur religion, mais par le désir de voir l’Église donner une caution de respectabilité morale à leur remariage. Je l’ai constaté souvent en paroisse : des personnes mariées viennent demander la prière de l’Église pour leur nouveau couple et, quand je leur propose d’aller prier chez eux avec eux deux seuls, je ne les revois plus. Ils ont sans doute trouvé ailleurs ce qu’ils cherchent réellement : une cérémonie à l’Église où le prêtre, sans recevoir l’échange des consentements, bénisse néanmoins leurs alliances comme symbole de leur nouvelle union. Seulement, ce genre de mascarade pseudo-liturgique ne trompe personne et discrédite encore plus le mariage à l’Église.