Sans la charité, l’eros devient vulgaire et égoïste, tandis que la charité surélève l’amour humain en lui donnant de surcroît de se perfectionner lui-même. Pour comprendre cette conciliation et la favoriser, il est utile de cerner ce qu’est cet appétit naturel, par lequel tout être de la nature recherche son propre bien. La volonté humaine aussi cherche sa perfection : tout homme désire être heureux, et cela de manière nécessaire : le choix délibéré se greffe sur cet élan primordial de la volonté. Mais que faire si la volonté se détourne de son véritable bien, et croit trouver le bonheur dans des biens incapables de supporter pareille charge affective ? Alors l’amour déchoit. Aussi la charité rectifie-t-elle cet élan primordial : en lui redonnant sa rectitude, et plus encore, elle sauve l’amour humain, et permet de chanter avec jubilation : Ubi caritas et amor, Deus ibi est.
Ubi caritas et amor, Deus ibi est. L’agapè et l’eros s’harmonisent dans la mesure où la charité surélève l’amour humain en lui donnant de surcroît de se perfectionner lui-même : « C’est ainsi que le moment de l’agapè s’insère en lui [eros], écrit Benoît XV ; sinon l’eros déchoit et perd aussi sa nature même. » Sans la charité, l’eros déchoit même inexorablement : il devient vulgaire, érotique et égoïste, fleurant avec l’idolâtrie parfois. Un eros vulgaire constitue un phénomène passablement courant, si on considère les moeurs de l’humanité qui n’ont guère brillé dans l’histoire. Mais il arrive que la voie inverse, très spiritualisante, conduise au même résultat : elle a été cette fois empruntée par des chrétiens.Voici comment.