La réconciliation de l’homme avec Dieu

Gérard Rémy
5,00 € l'unité
2010 - Fascicule n°4
1800
615 - 666
Article

Sous titre

Son interprétation théologique selon saint Thomas

Son interprétation théologique selon saint Thomas

Résumé

La réconciliation signifie un changement de disposition, une pacification entre adversaires qui redeviennent amis. Elle est, à ce titre, une expression métaphorique majeure du mystère du salut utilisée par l’Écriture. L’amour réconciliateur du Père envers les pécheurs s’exprime par le don total du Fils. Aussi ce mystère a-t-il retenu l’attention de saint Thomas, dont le travail fait corps avec une tradition théologique, représentée par Augustin et Pierre Lombard. Thomas aborde ce thème dans ses traités, l’Écrit sur les Sentences et la Somme de théologie et dans ses commentaires des lettres pauliniennes, offrant ainsi deux types de traitement d’une même question. Mais en tant que dimension du salut, la réconciliation se relie à d’autres aspects, comme la satisfaction et la libération. Elle est l’effet de la Passion, inséparable de la Résurrection et trouve son origine dernière dans la Trinité. Elle est un mystère divin qui s’atteste ici-bas dans une exigence et une mission réconciliatrices entre les hommes.

Extrait

La réconciliation de l’homme avec Dieu définit un aspect du mystère du salut dont la profondeur déborde toute expression unique et univoque. Pour formuler ce mystère, l’Écriture recourt en effet à plusieurs métaphores ou catégories de pensée, empruntées à des types d’expérience humaine variés, qui se complètent mutuellement pour suggérer, par analogie, une réalité qui les dépasse, car elle se projette dans l’ordre eschatologique. Parmi les registres qui sont sollicités, la notion de salut est particulièrement expressive parce qu’elle s’oppose à la perdition et engage ainsi l’existence de la personne au-delà de ses limites temporelles. Lui est très proche, bien qu’elle s’en distingue par sa connotation juridique et sociale, celle du rachat ou de l’affranchissement d’un esclave par exemple, employée métaphoriquement pour exprimer la libération du péché. La réconciliation, qui retiendra notre attention, relève du registre moral ; au plan humain, elle suppose le rétablissement, l’assainissement des relations entre les personnes ou les groupes humains, détériorées ou rompues par la contagion de l’inimitié et le recours à la violence.