La créativité dans l’acte humain

Osanna Rickmann
5,00 € l'unité
2009 - Fascicule n°2
1800
179 - 194
Article

Résumé

La conception du verbe intérieur se trouve au coeur de la genèse de l’acte humain. La double relativité du verbe intérieur à la personne qui le conçoit et à la chose connue explique le caractère à la fois personnel et objectif de l’acte humain. Par la vérité de son verbe intérieur, l’agent humain peut laisser fructifier dans ses oeuvres un rayon de la vérité créatrice de Dieu, et ainsi accéder à une authentique créativité dans la vérité.

Extrait

L’emploi de la notion de créativité en théologie morale suscite parfois une certaine méfiance. Pourtant, la personne a en elle, avec le libre arbitre, un « principe de nouveauté » et donc de créativité. Les Pères grecs caractérisent le plus souvent le sujet libre par le terme autexousion ; l’Aquinate dit qu’il « a le pouvoir en soi-même (per se potestativum) », qu’il est « principe » de ses propres actes et possède sur eux une « maîtrise (dominium) ». Il arrive aux thomistes contemporains d’utiliser des expressions beaucoup plus fortes. Servais Pinckaers caractérise l’homme comme « un être capable de produire son action par lui-même, de tirer de soi, d’inventer et de créer, en quelque façon, son agir et sa perfection ». Jacques Maritain souligne « l’importance en quelque sorte créatrice de l’acte moral » et le qualifie d’« acte que la liberté du sujet fera surgir dans l’existence ». Quant à Georges Cottier, il dit au sujet des actes humains que « derrière la contingence nous pouvons voir non seulement la singularité des actes que notre libre choix fait surgir à l’existence, mais aussi la personne dans son unicité qui est la source de ces actes ». S. Pinckaers fait observer que le rapport d’une oeuvre bonne à l’agent humain est d’une certaine manière analogue à celui de la création au Créateur : « Remarquons enfin la richesse de sens de l’adjectif “bon” dans l’emploi de saint Thomas. Il indique la perfection et la plénitude, rejoignant, en somme, le langage de la Genèse où il est dit que Dieu déclara bonnes et très bonnes, les oeuvres qu’il avait accomplies. »