L’ecclésiologie de Wolfhart Pannenberg témoigne d’un effort louable pour réinscrire l’Église dans sa réalité théologale, par l’œuvre de l’Esprit qui la constitue, au-delà de la simple réunion des baptisés. Pour autant, elle reste tributaire des données pérennes du luthéranisme, qui ne voit dans l’Église qu’une réalité provisoire, signe du Royaume qui est par essence eschatologique.
Le troisième volume de la Théologie systématique de Wolfhart Pannenberg, achevé en 1993, est principalement consacré à l’Église et au Royaume, dans une acception large puisque s’y trouvent traités l’ensemble des aspects communautaires de la vie chrétienne, y compris les sacrements du baptême et de l’eucharistie. Il se compose de quatre chapitres : XII, « L’effusion de l’Esprit, Le Royaume de Dieu et l’Église » ; XIII, « La communauté messianique et l’individu » ; XIV, « L’élection et l’histoire » ; XV, « L’accomplissement de la création dans le Royaume de Dieu ». S’il fallait qualifier en quelques mots la ligne ecclésiologique de l’auteur, on dirait qu’elle exprime son désir d’une revalorisation théologale de la notion d’Église. Confronté d’un côté aux dérives des communautés ecclésiales issues de la Réforme, et de l’autre à l’œuvre du concile Vatican II, l’auteur voit dans l’Église d’abord le fruit de l’action de l’Esprit Saint, et non un simple rassemblement de baptisés. Au demeurant, porter une appréciation sur ces écrits ne va pas sans peine ni risque, du fait des formulations parfois compliquées de l’auteur et parce que les notions utilisées n’ont pas toujours le sens courant qu’elles ont en théologie catholique. On ne traitera ici que de la conception de l’Église qui ressort de ce volume, sans recourir à une approche linéaire, mais en synthétisant les observations autour de quelques thèmes.