L’unité d’être dans le Christ selon les premiers disciples de saint Thomas : le XIIIe siècle

Marie-Hélène Deloffre o.s.b.
5,00 € l'unité
2005 - Fascicule n°2 2005 - Tome CV
227 - 272
Article
Christ, annibald degli annibaldeschi, bernard de trilia, robert d’orford, Etre, gilles de rome, Unité

Résumé

Les premiers thomistes dominicains, Annibald degli Annibaldeschi (qui s’inspire surtout de Pierre de Tarentaise), Bernard de Trilia, Robert d’Orford (ou de Colletorto), suivent de près, quant au fond, la position de saint Thomas sur l’unité d’être dans le Christ. Cependant leur vocabulaire suggère déjà des influences extra-thomistes. Avec l’augustin Gilles de Rome, le problème s’inscrit dans le contexte nouveau du débat sur la distinction réelle entre essence et existence : l’esse de la nature humaine est suppléé par l’esse divin, ce qui constitue le premier exemple d’une explication qui aboutira à la thèse de l’extase de l’être.

Extrait

En consacrant à l’unité d’être dans le Christ l’un de ses commentaires les plus développés, les plus vigoureux et les plus fouillés, Cajetan a marqué pour quatre siècles l’interprétation classique de la question. C’est cependant dès la fin du XIIIe siècle que les premiers disciples de saint Thomas, pour la plupart auditeurs de l’Aquinate, devenus maîtres à leur tour, se trouvèrent confrontés à l’opposition d’adversaires renommés, ou aux explications d’autres thomistes, qu’ils jugeaient erronées sur ce problème subtil : faut-il attribuer au Christ, unique personne divine subsistant en deux natures, un seul esse, ou deux ? Quelle solution ces premiers interprètes lui ont-ils apportée ? Leurs positions correspondentelles à la pensée de saint Thomas, la prolongent-elles ? S’accordent-elles entre elles, et se trouvent-elles en continuité avec les grands commentaires de la fin du Moyen âge et des siècles classiques ? Seule une patiente analyse des textes majeurs, dans le contexte du débat de l’époque, nous permettra de tenter de répondre à ces questions. Nous nous limiterons dans le présent article à quatre auteurs du xiiie siècle : trois dominicains, qui s’inspirent directement de saint Thomas, et un augustin, Gilles de Rome, qui s’écarte notablement de la pensée du Docteur angélique, tout en exerçant sur les disciples de ce dernier une influence considérable.